Ben voilà, 2011. Vu d'ici ca commence par un déménagement. Et évidement c'est le jour ou je suis censé traverser Beyrouth avec mes sacs qu'il flotte pour la première fois depuis deux mois. Et ici il pleut pas souvent mais par contre quand il pleut ca envoie du gros... Bref une bonne grosse galère bien sympa à me faire entuber par un chauffeur de taxi qui demande 3 fois plus que d'habitude parce qu'il sait bien que tu vas pas rester sous l'orage 107 ans et que vu que tu risque la pneumonie aggravée t'es pas vraiment à 3 dollars près.
Arrivée dans mon nouvel appart ou m'attendent , outre les photos d'Hassan Nasralah dans le couloir parce que je suis passé d'un quartier chrétien à chiite, mes nouveaux colocataires super cool: Mathilde (une française qui fait un stage dans une ONG chelou, j'ai pas tout bien compris faut que je lui demande des précisions) et Victor (qui bosse pour l'UE, est hispano-brésilien et supporter de l'Athlético Madrid mais personne n'est parfait.) On fait péter une bouteille de rosé d'Anjou histoire de fêter mon arrivée.
Bon moi évidement j'avais toujours pas de plan pour la soirée, parce que entre les retouche photos de la Syrie, le comptage de mes orteils (10!), le ménage dans mon ancien appart et la prise de tête pour boucler mon sac qui semble rapetisser de jours en jours... Ben j'avais pas vraiment pris le temps de penser à ce que j'allais glander pour célébrer dignement la fin de 2010 (pas mécontent que ca se termine d'ailleurs...). Mais c'est là que c'est bon d'être en colloc, sur les trois y'en à forcement un qui va avoir une bonne idée...
Donc on se retrouve a suivre Mathilde à un diner chez des gens qu'elle connait pas mais ou elle a été invité (cherchez pas, j'ai pas compris non plus). Pour le reste de la nuit, un open bar pas trop cher vers Gemmayzé, moi ca m'allait plutôt étant donné que j'avais rien prévu et que les soirées que j'ai déjà passé avec Mathilde furent quand même bien sympas. Départ à pied pour Gemmayzé (ouais parce que maintenant j'habite au centre...) Achat de vin et de bières pour pas arriver les mains vides.
Et la subitement je suis projeté dans la troisieme dimension. Une bonne douzaine de personnes tous sapés sur le même modèle, mocassins (ou chaussures bateau pour les rebelles) 501 bien repassés, et chemises rayées dans les roses ou pastels. Petites médailles de baptêmes et coupes de cheveux impeccables. On se sert la bière dans les verres grands comme des dès a coudre pendant que j'ouvre tranquillement ma deuxième Almaza avec mon briquet. Puis bon pour varier les plaisirs on attaque le rouquin (Prieuré, mon préféré j'en ai déjà parlé) et la j'apprend que ne pas laisser une fille ouvrir une bouteille de rouge ce n'est pas une question de machisme ou de féminisme mais de CONVENANCE (putain mais j'étais ou moi quand les autres ont appris les convenances ???) Texto hein, j'en rajoute pas y'a quelqu'un qui a dit ca. Froncage de sourcil en pensant à mes quatre fantastiques qui à l'heure qu'il est doivent être entrain de s'envoyer du Cahors tradition direct à la bouteille et à la tête que ferait ma mère et ma soeur si on tentait de leur expliquer qu'il faut respecter les convenances (j'adore ce mot bordel!) et qu'elles ne doivent pas ouvrir la bouteille, choisis ta réponse: ma frangine t'envoie le coup de tête de tes beaux jours pour t'apprendre à te foutre d'elle et ma mère te demande si tu veux une tarte espèce de petit con (notez que les femmes de ma famille sont moins violentes en vieillissant mais qu'elles ouvrent toujours les bouteilles de rouge...). On doit être trois à pas avoir de nom à particule dans l'assemblée et ceux qui ne sont pas à l'IEP de Paris font des études dans la finances. Je m'isole trente secondes dans une piaule remplie de crucifix et ou j'ai le temps de voir des bibles en 5 langues différentes pour envoyer un message « Robespierre reviens! Il en reste plein! » à Sylvain qui se marre tout seul dans le bus qui le ramène de Syrie.
Il se fait l'heure de passer à table, rebelote pour les bouteilles de vin mais je vais le raconter deux fois... Et là grand moment du FOIE GRAS (je sais ca paraît pas exceptionnel mais venez bouffer du Houmos et des Falafels pendant deux mois et on en reparle). J'abandonne illico toutes mes pensées impures de gauchiste, (Staline reviendras et vous ferez moins les malins... Bernadette de Lourdes était une trainée sous champi... Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi l'Eglise a mis 1800 ans à reconnaître la virginité de Marie? ) et savoure le foie gras avec un coup de rouge et tant pis si je me retrouve dans un train vers la Sibérie pour collaboration avec la bourgeoisie... Basile si tu lis ca me balance pas!!! C'était quand même salement bon leur foie gras, puis j'ai réussi à engager la conversation avec mon voisin (je deviens sociable uniquement le ventre plein) qui s'est avéré être un attaché parlementaire d'un député socialiste (c'est comme le foie gras, ca paraît pas fou mais dans le contexte c'est grandiose).
Les plans ont changés, on va plus à l'open bar mais à une soirée chez un étudiant libanais de l'AUB (American university of Beirut,ca pète hein?) Bon évidement Sylvain et moi on se paume sur le chemin, pour se retrouver devant le feux d'artifice à Raouché à minuit pile tout les deux sous la pluie... C'est sympa.
On arrive enfin dans un gigantesque appartement sur la corniche, avec l'ascenseur qui monte direct dans l'appart s'il vous plait. Le maitre de maison nous attends, nous souhaite bonne année et annonce tout de go qu'il reste quinze bouteille de vodka à finir. Autant avec Sylvain on est pas les derniers pour rendre service mais quinze quand même c'est beaucoup. Il y'a aussi une table avec de la bouffe à profusion, et je vous le dit celui qui croit qu'il va me griller sur un toast au roquefort sous prétexte qu'il porte une chemise Calvin Klein je lui souhaite bien du courage.
On se pose dans un canapé avec notre verre pour regarder les jolies filles danser. Plus tard on tentera bien de mettre le feu au dancefloor mais honnêtement je progresse autant en danse qu'en arabe... Sylvain profite lâchement du fait que je me ridiculise sur Billie Jean pour suggérer que peut être éventuellement il pourraittt en profiter pour aller cramer une clope sur le balcon, ce à quoi je répond que si il me laisse danser tout seul comme un con je pourrai éventuellementtt lui exploser le crane a coups de Stan Smith vintage.
La vodka aidant on commence vraiment passer une bonne soirée, surtoutt quand le maitre de maison m'offre un Monte Christ et un verre de Jack (comment a t'il deviné?) en s'installant à coté de moi pour me raconter comment il à fêté ses 21 ans à Vegas, pour préserver l'innocence des plus jeunes de mes lecteurs je vais pas développer ce passage...
Voilà la soirée continue jusqu'à l'aube, comme n'importe qu'elle soirée de nouvel en fait, la musique devient plus jazzy et on s'assoit dans les fauteuils du salon pour finir nos cigares pendant que le jour se lève.
Bonne année à tous (oui, je suis pas rancunier.)