jeudi 14 avril 2011

The end



« Petit pays, je t'aime beaucoup... »

Voilà, je cloture ici. Retour au pays. Un peu tôt pour faire le bilan puis de toute façon il sera plutot perso je pense...
Une dernière note pour remercier tout le monde. Je voudrais dédier ce blog à Gilbert, Firas, Fayez, Lara et l'équipe du Kamelot, Sylvain, Alex, Adeline, Mathilde, Victor, Romy, Pierre, Salah, Martin, Audrey le piège a goupil, Sun et l'équipe d'offre joie, Justine, Milan, Margaux, Hélène, Anais pour une inoubliable soirée slam Kyen pour les meilleures soirées de Beyrouth, Camille la chartreuse, Lilly le petit bijoux romantique, Roxane la maman de l'immeuble, et bien sur Nama qui a elle toute seule à placé l'Afghanistan au 3eme rang des pays qui consultaient ce blog... Puissent ils avoir retrouvé ici un peu du Liban qu'ils aiment.
Merci à tous ceux qui ont pris un peu de temps pour suivre mes aventures, on se voit bientôt pour prendre une bière au Communard.
J'ai pas envie de partir, et ma valise n'est pas finie, mais il paraît que le retour fait partie du voyage.
Vivement que je revienne au Liban.

Ma3 Salam todos!

samedi 2 avril 2011

Un peu de sport...


Profiter du soleil, c'était le but premier. On part donc à la plage, une des rares publiques de Beyrouth. La plage des pauvres, près de l'aéroport. Contrairement à ce qu'on nous avait dit elle n'est pas si crade. Pas vraiment propre mais pas non plus scandaleuse. Les souvenirs que j'ai de la plage de Barcelone n'ont pas beaucoup plus flatteurs.
Deux terrains de foot, un de volley et des gens, un peu plus jeunes que nous qui se divisent en deux équipes. On suppose qu'ils vont jouer au foot, mais ils sortent un ballon de rugby. Stupeur. Les yeux de Sylvain s'allument. On va les voir, envie de jouer. Discussion, il me faut quelques minutes et que le mec me mime le « tenu » pour que je comprenne que « rugby league » désigne le XIII, je tente d'éxpliquer à Sylvain les différences avec le XV mais mes connaissances du jeu sont quand même super limitées. De toute façon il est tellement suréxité à l'idée de jouer qu'il m'écoute à peine.
On se met en place, c'est le moment ou jamais de representer la France et Toulouse. Montrer qu'on est un pays référence au rugby (bon moins depuis cet hiver, merci Liévremont!). J'invoque les grands anciens pour qu'ils me viennent en aide: Rives, N'tamack, Herrero aidez moi!
Sans bien comprendre comment je me retrouve au centre, ce qui au vu de mon gabarit m'inquiète un peu. Le jeu commence; On va pas se leurrer c'est assez primaire. Très peu de passes et beaucoup de percussions (oui je sais c'est du XIII, mais quand même). Ils ont quand même du mal avec le concept de passe. Et sur mon premier ballon je me rend compte qu'ils ont aussi du mal avec le concept de « plaquage haut », je me fait déglinguer les cervicales et bouffe un bon demi kilo de sable. Je me relève péniblement, j'ai quand même bien mal. Mais bon on va essayer de continuer. Je place une belle passe vissée a plat pour mon ailier. Ca sera ma seule belle action. Je vais mettre la tête dans l'eau froide et prend mon appareil photo. Pas envie de me faire vraiment mal.
En prenant des photos je me rends compte qu'un des joueurs est au dessus du lot, élégant avec le ballon, belles attitudes, on sent qu'il a du rugby. Je me concentre sur lui et fait quelques belles photos. En discutant avec un jouer sorti comme moi sur blessure j'apprend qu'ils sont Palestiniens, et que le joueur que je trouve bon joue dans l'équipe nationale. Après vérification il s'agit des moins de 16 ans. Il nous invite à venir le voir jouer à l'AUB le jeudi suivant contre l'Arabie Saoudite.
On se pointe donc à la fac américaine jeudi aprem avec Audrey et un sac blindé de manouchés. Le temps d'être blasés par le campus (genre ultra classe) et les installations sportives (piscine, gymnase de fou...) et le match commence. Mais assez vite on s'appercoit que les saoudiens jouent pas vraiment le jeu: en fait d'équipe nationale il présente une sélection des lycées du pays. Ce qui leur permet d'aligner une bonne moitiés d'anglais ou assimilés, probablement fils d'expats et habitués à jouer au rugby depuis leur plus tendre enfance. Evidement nos pauvres Palestinies prennent une sévère branlée par la bande de rouquins d'en face. On s'empifre pendant que j'essaye d'expliquer le jeu à Audrey, le jeu qui n'est d'ailleurs pas dégueu faut bien le reconnaitre. Puis, sur la fin, tout le monde regrade comme un pestiféré parce que j'ai allumé une clope, ce qui s'avère etre interdit. Sont cons ces américains...

mardi 29 mars 2011

Tyr


Le beau temps est revenu sur le Liban, un printemps chaud qui donne envie de passer le plus de temps possible dehors. Motivation des deux gros pour descendre a Tyr, la grande ville du sud Liban, siège de la Finul, ancien port phénicien puis romain. On embarque avec nous des potes d'Alex, arrivées au Liban pour le 2nd semestre de l'USJ.
Bus jusqu'à Saïda le long de la mer et changement pour descendre jusqu'à Tyr. Je bouquine pendant que Sylvain ré-explique les bases de la grammaire arabe au filles. Champs d'oliviers et de bananiers le long de la route et premier barrage des Nations Unies. A Beyrouth on croise de temps en temps un 4x4 blanc siglé UN. Ici il y'en a partout. On sent la proximité d'Israël, les traces de 2006, des casques bleus se baladent dans la ville...
On commence par les ruines de la nécropole, une grande allée pavée avec deux arc de triomphe qui passe au milieux de tombeaux. Le soleil tape super fort. Je galère à faire des photos, mal aux yeux dès que j'enlève mes lunettes de soleil mais impossible de shooter avec. Ca fait une occasion de me plaindre un peu.
Je regrette d'avoir séché autant de cours d'histoire antique, ca m'intéressait pas vraiment mais ca aurait put servir dans un cas comme celui là.
Arrivée sur l'hippodrome, de loin la plus grande étendue d'herbe que j'ai vue depuis mon arrivée au Liban, le calme fait du bien. On se pose sur une des portions de tribunes encore debout. En bas de jeunes libanaises dansent le dabké au son d'une darbouka. On est au milieux de antiques et on fait face à un ensemble d'immeubles neufs. La ville s'est construite autour des sites antiques. Sylvain s'endort et on part faire le tour complet de l'hippodrome. Discussion avec Hélène, une qui arrive et moi qui repart... Cycle des expats au Liban, d'autres viendront après elle, habiterons surement à Furn el Shebbak et feront pour beaucoup les même visites que nous, conseillées dans le petit futé...
Marche jusqu'au port, les autres veulent profiter d'être là pour manger du poisson pas cher. Passage devant les entrées des camps palestiniens, qui ici sont gardées par l'armée. Portrait de Yasser, drapeaux... Je me rend compte que je n'ai rien écrit encore sur les palestiniens du Liban, promis je vais me pencher sur ça avant de repartir...
Longue corniche et mer magnifique, on marche jusqu'au port de pêche pour trouver un resto pas trop cher. Poisson grillés, hummos et frites en terrasse donnant sur le port. Je suis pas un grand fan de poisson, j'en mange deux et laisse Alex s'en envoyer 4 ou 5. Ca à l'air de lui faire plaisir mais ça m'empêche pas de penser que ca vaut pas un bon steak.
Ballade dans les petites ruelles du quartier chrétien jusqu'au bord de la mer. Je regrette de pas avoir pris mon maillot, elle est fraiche mais donne carrément envie de se baigner. L'après midi touche à sa fin, il se fait temps de rentrer à Beyrouth. Mini bus direct jusqu'à Cola, coucher de soleil magnifique qui découpe l'ombre des palmiers du bord de mer. Puis la nuit jusqu'à Beyrouth.
Le soir c'est fête de départ d'Audrey qui est bien blasée de rentrer en France. Je rencontre les nouveaux volontaires de son asso venus remplacer ceux qui partent. Je me fait voler mon cuir au B018, j'ai beau me dire que c'est qu'une veste ca me fout quand même bien la mort, je l'avais depuis 5 ans maintenant, je l'aimais bien ce cuir... J'irais faire un tour chez les tailleurss de Bourj Hammoud, avec un peu de bol j'en trouverais un autre pas trop cher...

dimanche 20 mars 2011

Palmyre


Retour à Damas, pour la dernière fois surement. Rencontre avec Milan dans le bus. Lyonnais évacué du Caire, joueur de Oud qui étudie la musique à Beyrouth. On fait le trajet ensemble et partageons la même chambre en arrivant à l'auberge.
On sort manger dans le quartier chrétien du vieux Damas pour pouvoir boire une petite bière avec un française de l'auberge et une turque complétement folle qui braille les insultes française qu'elle connait dans le resto (précisons que quand même pas mal de syriens ont des notions de français).
Milan et moi décidons de partir a Palmyre le lendemain. Une oasis au milieu du désert classée au patrimoine mondial de l'unesco. On finit le repas tranquillement pendant que je jette un oeil distrait à Munich-Inter sur les écrans géants...
3h longues heures de bus avec un film syrien en fond sonore. La route n'est qu'un long ruban de bitume au milieu du désert. Ligne droite paumée au milieu de nulle part. Je bloque un peu sur paysage mais le désert ca finit par être monotone. Les panneaux indiquent Irak-Bagdad, c'est un peu chelou quand même, Bagdad, c'est pas si loin...
Et tout d'un coup Palmyre, perdue là une petite ville bordée par des champs tout verts au milieu du désert. On se tape un petit thé avant de visiter le musée. Beaucoup de statues, pas grand intérêt à vrai dire. On enchaine sur le site principal. La lumière est magnifique, je me gave sur les photos, des colonnes, beaucoup de colonnes, un théâtre super bien conservé et le temple de Bal... Un peu trop de touriste, en particulier un groupe de vieux français super cons... C'est très beau mais le fait que le site soit super grand ne donne pas l'impression monumentale de Baalbeck...
On monte ensuite vers la forteresse arabe qui domine la ville, et comme on est des vrais on y va a pied, bonne suée quand même, gros dénivelé... La vue est folle, on se pose pour fumer une clope, c'est complétement grandiose. Je mitraille comme un fou, je dois faire une centaine de photos en un quart d'heure au point que Milan me demande si j'ai des origines japonaises... Je souris mais n'aime pas trop qu'on me vanne la dessus, mon appareil me suit partout depuis que je suis là, où que j'aille il est là, fidèle comme une arme de service...
On redescend en stop avec deux retraités français qui visite la Syrie et la Jordanie dans leur fourgon aménagé puis retour à Damas dans la nuit.
On regarde Real-Lyon en terrasse avec un thé et un narghileh, je suis évidement le seul français et le seul supporter de Lyon (Milan s'en fout...) je me fais grave chambrer mais bon faut bien assumer...
Retour à l'auberge toute proche, Lyon à pris une branlée mais ca n'est pas bien grave, calage sur la terrasse à fumer des clopes jusque tard dans la nuit. Un peu d'appréhension en lisant les news du Japon...
Dernière ballade dans le vieille ville le lendemain matin, quelques courses pour les cadeaux, le retour approche à grand pas... On mange en terrasse avec Nadia, la française de l'auberge. Discussions sur nos voyages, lesquels seront les prochains? Pour ma part c'est la Turquie et l'Iran qui m'attirent le plus pour l'instant. Puis c'est le départ vers Beyrouth, Milan qui reste s'installer ici promet de passer me voir lors de ses passage à Beyrouth pour aller en cours, on a vraiment bien accroché...
Pour la première fois je dois payer mon visa d'entrée à la frontière libanaise, comme j'ai déjà profité deux fois du visa touristique gratuit je peux pas vraiment me plaindre, c'est de bonne guerre... Un pur repas m'attend, Alex a invité des potes a lui et les deux gros se sont défoncé sur le menu, salade au saumon en entrée, gratin dauphinois et entrecôte sauce au vin, puis une mousse au chocolat maison, c'est trop bon. On finit sur le toit avec un bon narghileh dans la nuit beyrouthine qui se réchauffe de plus en plus...

mercredi 9 mars 2011

Leïla Khaled


J'ai vu l'affiche par hasard « Semaine contre l'apartheid israélien ». Une série de conférences et un concert samedi soir. J'étais pressé, j'ai noté l'adresse du site et suis rentré chez moi, un coiffeur venait de me tondre comme un para, j'étais passablement énervé.
J'ai consulté le site en arrivant pendant que Sylvain se foutait de ma coupe de cheveux. Hurlement de joie. Ce soir Leïla Khaled donne une conférence à l'AUB. Sylvain approuve et Alex nous suit. J'ai du mal à réprimer mon exitation. Je vérifie trois fois les piles de mon appareil et en route vers Hamra.
Ses yeux noirs sont désormais derrière des lunettes, mais le regard reste le même que sur cette photo que j'ai souvent si souvent eu en fond d'écran. La veste de tailleur a remplacé l'uniforme et c'est maintenant un micro devant elle et non plus une kalashnikov. Mais c'est elle, je l'ai reconnue dès mon entrée dans l'amphi. Leila Khaled est maintenant une dame de 67 ans a la voix tranquille qui s'exprime en arabe littéraire. Si elle savait ce que j'ai put être amoureux de sa photo, ce qu'elle représente pour nous. Femme palestinienne, combattante d'un FPLP aujourd'hui exsangue mais qui portait les revendications de la gauche palestinienne... J'entend parler d'elle depuis tellement longtemps et voilà que je la vois, en vrai, tranquillement installée à un bureau d'amphi.
« Je voudrais dédier cette conférence aux jeunesses tunisiennes, égyptiennes et libyennes mènent des révolutions dans leur pays ainsi qu'à toutes les femmes résistantes emprisonnées dans les prisons sionistes et américaines. »
Elle parle du rôle des femmes dans la résistance, des espoirs nés des révolutions actuelles, de la stratégie Palestinienne, de l'erreur confessionnelle . La traduction n'est pas terrible, un irakien avec un accent chelou. Je dois me concentrer pour suivre, c'est assez confus. Je m'accroche et mitraille autant que je peux, y'a pas beaucoup de lumière et je suis loin, mais je fais assez de photos (130) pour en avoir des correctes.
La parole passe à une militante irakienne. Citation de Rosa Luxembourg et discours super structuré sur l'occupation. On sent une solide formation marxiste. Elle parle d'une occupation qui sous couvert de libération à surtout libéré le marché, d'une politique visant à assainir l'Irak pour de potentiels investisseurs. Ca fait du bien d'entendre ca, mine de rien le militantisme me manque. Malgré les problèmes de traduction la conférence est intéressante, mais va savoir pourquoi aucun des français si prompt à t'expliquer le Proche-Orient n'est là...
A la fin on descend pour la saluer. Sylvain se concentre pour lui traduire dans son meilleur arabe ce que je veux lui dire. Que nous sommes français, que nous connaissons son histoire et son combat, qu'elle est pour nous un symbole de la résistance et de la liberté. Je sais c'est cliché mais que dire d'autre quand on a deux minutes et dans une langue étrangère? Elle sourit. Je tremble un peu, j'ai le coeur qui accélère. Elle répond qu'elle ne peut plus retourner dans son pays pour participer à une résistance divisée et moribonde, que tout ce qu'elle peut faire c'est venir en parler à l'étranger. C'est super émouvant. Mon chapeau dans ma main se met a trembler. Elle nous salue, nous serre la main.
J'ai rencontré Leïla Khaled. Surement la seule personne de mes références politiques que je croiserais jamais vu qu'a part Angela Davis il en reste pas beaucoup encore en vie. Ca peut faire groupie mais tant pis, je suis super heureux d'avoir réussi à lui témoigner mon admiration et mon respect. Rien que pour ca ca valait le coup de venir au Liban.

dimanche 6 mars 2011

Nouvelles du front


Je sais, j'écris pas trop. Mais figurez vous que j'ai pas que ca a foutre! Qui c'est qui commande ici bordel! En plus, l'accé a ce blog étant gratuit je vois pas quoi vous vous plaignez. Y'a toujours le blog de Pierre Menez sur Yahoo! Si vous êtes pas contents.
Mais bon, en ce moment il se passe plein de trucs de fou à Furn el Shebak et comme je suis un garçon sympathique je vous les racontes.
Déja y'a un clébard enfermé sur le toit de l'immeuble. Comme il a pas de nom on a décidé de l'appeller « Khallas! », ca veut dire « Assez » et ici ca s'emploie beaucoup. On peut comme le Basta espagnol. Khallas est con comme la tourbe. Mais a se décharge passer sa vie enfermé sur un toit a prendre des branlées ca aide pas à l'emmencipation intellectuelle. (Oui je sais c'est scandaleux mais je suis pas Brigitte Bardot). Donc maintenant c'est moins agréable de se caller sur le toit vu que y'a des merdes de chien partout. Et c'est relou parce qu'avec Sylvain on aimait bien se caler sur le toit. En plus ce connard à destroyé tous les calencons de Sylvain qui séchaient et en règle générale étendre son linge avec un chien qui saute partout et essaye de se barrer dès que t'ouvre la porte c'est pénible. Bref on en est a envisager sérieusement d'en faire des chawarmas...
Mon enculé de disque dur est mort. Ou du moins dans le coma. Donc il marche plus et ca fait chier parce que non seulement j'avais choppé plein de films cools mais en plus y'a 4000 photos dessus auquelles je peux plus accéder. Donc si vous voulez voir mes photos quand je rentre vous pouvez commencer a prier.
En parlant de rentrer j'ai acheté mon billet de retour. Je serais à Blagnac le 15 avril à 9h30. La compagnie est l'ancien employeur d'Aubry (QUIZZ! Si tu trouves je te ramène un super porte clé Hassan Nasrallah.) Je suis pas super en joie a l'idée de rentrer. C'est bizarre comme sensation car beaucoup de gens commencent a me manquer mais en même temps j'ai aucune envie de quitter le Liban. Bon le point positif c'est que de Blagnac on est pas loin de du marché Victor Hugo, et je sais que vous avez deviné ce que ca signifie: CHAAAAAAARCUTERIE!!!!!! FROOOOOOMAGE!!!!
Tout le monde m'avait dit que j'allais grossir au Liban. Je m'incris en faux, c'est en renrant que je vais grossir.
Enfin, hier soir malgré l'anniversaire de la mort de Staline qui gonflait nos coeurs de larmes ben on a passé une chouette soirée dans un appart pas loin. J'ai travaillé ma valse avec sylvain, héroiquement refusé qu'on peigne un pochoir sur mon corps sculptural et trouvé plein de Johnny Walker que personne aimait sauf moi... Par contre il est de mon devoir de dénoncer d'affreuses pratiques qui ont cours à Furn el Shebak Beyrouth Est: Y'a des gens qui REFUSENT LE BOUCHON L'AMITIE! Non mais vous vous rendez compte? Je me traine une sale gueule de bois et j'ai oublié mon keffieh mais on a rien sans rien en ce bas monde.

samedi 26 février 2011

Un peu fièvre.


C'est ma semaine, après en avoir terminé avec les visites quotidiennes à l'hosto je peux enfin me dire que la session galère est terminée. Mais faut croire que c'était pas assez.
Audrey s'emmerde un peu seule a Kfifan, on part donc passer la nuit la bas. Le projet étant de buller sur la plage le lendemain. Trajet en bus vers le nord. La fenêtre à coté de moi ferme mal. Je suis dans le courant d'air. Concentration sur mon bouquin en attendant d'arriver.
La montagne libanaise. Dormir au calme. Au frais pour une fois. On bouffe tranquillement dans la gigantesque cantine du centre ou travaille Audrey (pour ceux qui aurait pas suivi c'est une pote rencontrée au réveillon). Je me réveille dans la nuit, sentant que je suis pas bien. Sylvain était malade cette semaine, je sais trop bien ce que ca veut dire.
Le lendemain, bonne petite crève sympa. J'ai mal partout, je me sent fiévreux et m'arrache la gorge en toussant. Départ pour la plage de Batroun. Pris en stop par un énorme 4x4. Entre le siège conducteur et l'accoudoir il y'a un flingue dans son étui. J'ai beau savoir que c'est courant ici j'avoue que j'ai quand même du mal à m'y faire. On s'étale enfin sur les galets. Je suis toujours pas en grande forme mais ca fait du bien de prendre le soleil. Je met les pieds dans la flotte mais elle est vraiment trop froide pour envisager de me nager.
Sylvain s'endort et Audrey attaque de se faire les ongles. L'odeur du dissolvent me file la gerbe. Lecture de XXI, un article sur un jeune phalangiste de 16 ans exécuté sur l'Ebre par des rouges de son village après son refus de se rallier à la colonne Durruti. Simone Weil explique qu'elle reste hantée par cet épisode et la mort du « petit héros ». Je sais pas trop quoi en penser. Du mal a réfléchir. Quelques photos et retour à Beyrouth.
Les journalistes sont parties. Deux meufs que Sylvain avait rencontré a l'auberge en octobre et qui revenaient faire un reportage sur les scouts au Liban, en particulier ceux du Hezb. On les a hébergé une semaine. C'était pas mal d'avoir une présence féminine dans notre appart de mec. En plus Juliette partageait mon goût pour la chanson française douteuse. Enfin quelqu'un avec qui brailler « Elle préfère l'amour en mer » et « Le coup de soleil ». On a passé une semaine à bien rigoler conclue par une soirée magique dans une ancienne usine. Arrivée en monte charge à l'étage de la soirée, open bar, son plutôt cool et Sylvain qui pour coller au thème (Porno-Chic) s'était maquillé se fait draguer par tout ce que Beyrouth compte d'homos. On me fait des compliments sur mon style, noeud pap' ouvert sur chemise blanche (pas réussi a le nouer de toute façon, puis ca fait décontract'). Je commence lentement à saisir les codes de l'élégance beyrouthine. Finalement Juliette choppe une flamande, ce qui ne manque pas de nous faire ricaner parce quand même une nuit d'amour en flamand ca doit être culte.
En partant elle nous offrent des tasses du meilleur goût: Y'a un drapeau du Liban d'un coté et quand tu met de l'eau chaude y'a le visage de Nasralah qui apparaît. Moment d'euphorie dans l'appartement.
Aujourd'hui ca va mieux, je renifle encore pas mal mais cette légère fièvre a disparu. Ca tombe bien parce que mater South Park toute la journée d'hier enfoncé dans mon duvet c'était vraiment funky.
On se prépare pour le « crunch » avec inquiétude. Mais le XV de France m'a appris qu'ils sont capable de tout, même gagner à Twickenam avec une défense en carton. On verra bien. La semaine prochaine je vais essayer de passer deux jour à Tyr, et peut être dans le Chouf druze ou paraît-il il reste des cèdres en nombre plus conséquent qu'a Bécharré.

vendredi 18 février 2011

Damascus Express



Arrive un moment ou le visa expire. Deux solutions: La sureté générale a Baabda, autant dire une ultra galère ou un voyage en Syrie. Sortir du pays pour reprendre un visa en revenant. Après un weekend somme toute assez tranquille je décolle donc lundi, seul, direction Damas. En haut de ma fesse gauche un petit kyste fait sont apparition...
Voyage en mini bus, avec deux français plutôt sympathiques. Je taxe leur Lonely Planet quelques minutes le temps de relever quelques auberges. Le projet est de passer deux jours a Damas, puis Alep, Palmyre et retour à Beyrouth le vendredi pour un weekend qui s'annonce chargé.
Il neige sur les sommets de l'Anti-Liban. Passage à la frontière. Portraits de Bachar et d'Afez. Welcome to Syria. On redescend vers Damas qu'on devine déjà au loin. Arrivée sur les longues autoroutes qui rentrent dans la ville. Coup de froid, la mer est loin, on perd 7 ou 8 degrés par rapport à Beyrouth. Je resserre mon écharpe et ferme mon cuir.
L'auberge est chouette, proche du centre, pas super chère. Je m'allonge un peu sur mon lit. Pas beaucoup dormi, fatigué du voyage. Une meuf rentre dans le dortoir et s'allonge sur son lit. Elle a vraiment une sale gueule, je lui demande si ca va, apparemment c'est pas la grosse pêche. Fiévreuse, mal foutue, les yeux cernés. Je lui file deux dolipranes que j'ai emportés par hasard et file faire un tour dans la vieille ville.
Beaucoup de monde autour de la mosquée ommeyade. Je contourne vite fait, j'ai déjà visité la dernière fois. La vieille ville, petites ruelles toutes blanches. Les souks immenses. C'est ce qui n'existe plus à Beyrouth, trop de guerre, trop de bombardements. Reconstruit n'importe comment.
Je fais quelques photos. Retour au noir et blanc, ca faisait longtemps. Pour une fois le résultat me plait. La nuit tombe, je retourne à l'hotel. La meuf est toujours à l'agonie. Re-doliprane et un peu des abricots secs que j'ai acheté dans le souk. En me couchant légère brulure du kyste.
Réveillé en pleine nuit par ma voisine qui délire dans son sommeil. J'attends qu'elle se réveille, elle est brulante. Ma tablette de doliprane diminue.
Le lendemain retour dans les souks. Après de longues recherches infructueuses je finit par trouver la perle rare: un maillot de l'équipe de foot de Syrie. Négociation et celui de la Palestine pour la moitié du prix. Je fourre les deux dans mon sacs, content de moi, ma collection s'agrandit. Comme on dit:ca c'est fait. Je me paume dans les souks. Deux bonnes heures à vadrouiller sans savoir ou je suis avant de retomber sur la mosquée. Je continue a faire des photos mais j'ai mal à la fesse.
A l'auberge rencontre avec Félix qui vient s'installer six mois. Il m'amène dans un bar du vieux Damas. « Abou Georges », deux mètres sur trois, on est cinq dans le bar et c'est blindé. Derrière le comptoir le patron doit friser les 130 kilos. Sur les murs les pin-up côtoient les pochettes de vinyles. On enchaine les bières en discutant.
En rentrant j'ai vraiment mal. Il se passe un truc pas normal. Miroir, énorme abcé sur la fesse, c'est crade et ca fait mal. Nuit atroce, je dors pas beaucoup. Mal a chaque fois que je joue et il me reste presque plus de doliprane. Je regrette de les avoir lâchés... La suite du voyage semble compromise.
Le lendemain l'abcé a encore gonflé, j'ai putain de mal. La décision s'impose retour à Beyrouth. Je passe le trajet à mordre mon écharpée. Chaque virage me fait mal et chaque trou dans la route aussi, et en Syrie le goudronnage laisse à désirer. C'est assez atroce.
J'arrive a l'appart en hurlant que j'ai mal au cul. Sylvain et Alex arrêtent de se marrer en voyant ma tronche. Départ pour l'hôtel dieu de France, l'hosto français proche de chez moi. Dans la salle d'attente des urgences l'infirmière de triage me dit de m'assoir pour attendre. Je lui dit que je préfère rester debout. Au bout de cinq fois je lâche passablement énervé: « J'ai un abcé au cul connasse! » (non en vrai j'ai pas dit connasse mais je l'ai pensé très fort). Après un rapide examen je retourne en salle d'attente. Le toubib débarque: « C'est qui l'abcé annal? » Je tente de garder ma dignité devant les 15 personnes qui se tournent vers moi. « Bon on va drainer l'abcé » comme si c'était une super nouvelle. J'ai un peu peur et la suite me donne raison, je douille grave! Je mords dans le drap jusqu'à le déchirer et l'interne apprend bon nombre de nouvelles insultes françaises. Après une dose massive de pus extraite de ma fesse ca finit par aller mieux... Pose du pansement sans prendre la peine de raser (cadeaux l'épilation gratuite le lendemain). Je rentre chez moi soulagé mais j'ai toujours mal. Dose massive d'antibio, anti-douleurs et une semaine a aller tous les jours à l'hosto changer le pansement. C'est moyennement agréable vu qu'ils mettent un drain dans l'abcé et que hier l'infirmière la porte ouverte deux longues minutes pendant que j'ai le cul a l'air plein de bétadine. Je suis pas particulièrement pudique mais bon...
Ca va mieux, j'ai de moins en moins mal, et ca fait un truc rigolo à raconter mais bon, je m'en serais bien passé, surtout que demain c'est grosse teuf et que je vais tourner au Coca à cause de l'Augmentin.  

Les photos de Damas étant trop lourdes vous avez droit à mon pansement.

jeudi 10 février 2011

Rando


On quitte Beyrouth mardi aprem avec Sylvain, direction Kfifan, petit village paumé sur la route de Tripoli pour un repas d'anniversaire. C'est surtout l'occasion de voir Audrey, snowboardeuse de St-Pierre de chartreuse rencontrée au réveillon et qui en dépit de son habitat lointain est devenue une pote. Grande amatrice de la liqueur verte qui fait la réputation de son bled et capable de balancer des vulgarités qui chez une fille qui dépasse péniblement le mètre soixante laissent songeur. Elle persiste à m'appeler Karl, en souvenir du réveillon ou j'avais évoqué mes tendances marxistes avec sa frangine alors en visite au Liban en goutant avec délectation à la Chartreuse qu'elle n'avait pas manqué d'amener... (a ce propos saviez vous que les moines chartreux portent un silice en permanence? C'est crade hein?) Gratin dauphinois et ratatouille, pur bon repas avec joie suprême sur la fin: du fromage de chèvre et une baguette! On passe une soirée tranquille, et on reste dormir sur place avec en fond sonore les aboiements des coyotes (pas sur que ce soit vraiment des coyotes mais ca y ressemble) auxquels répondent les chiens du village.
Départ a 9h pour la Kadisha toute proche, objectif une rando dans la vallée sur les chemins qui relient les nombreux monastères et ermitages de la vallée sainte. Manouchés au fromage pour le petit dèj et c'est parti. Le chemin serpente au fond la vallée, longeant la petite rivière qui se jette dans la mer quelques kilomètres plus loin. Sylvain et Audrey discutent de Lyon ou ils font leur études. Ca donne sacrément envie d'aller voir à quoi ca ressemble, en tout cas ca sonne comme une chouette ville. Je promet d'être là pour les nuits sonores, sans savoir si ca sera possible. La collègue d'Audrey nous parle de Liège et de Bruxelles, ou l'eau coute plus cher que la bière. J'évoque la Gouden Carolus et la Karméliet et mon goût pour les triples (mais pas les quadruples, dont la trop forte alcoolémie finit par tuer le goût)... Hochement de tête approbateur, ce qui de la part d'une belge vaut cher pour un amateur de bières.
On arrive à un ermitage une grotte dans la falaise ou réside le père Escobar, maronite colombien qui nous paye le café et nous parle des vertus de la feuille de Coca, de comment il a prié pour que Ratzinger devienne Pape et de son expérience à l'église maronite Miami. Il commente ensuite un bout de « mots croisés » sur France 2 qu'il à vu la semaine dernière. C'est un peu chelou pour un ermite de regarder la télé non? C'est complétement surréaliste. Il y'a aussi une bonne soeur bretonne qui passe au Liban avant de se rendre en Irak répondant à l'appel de Rome d'aller soutenir les chrétiens d'Irak dans leur malheur. Je lui parle brièvement de la presque-ile de Crozon mais je pense pas qu'on aime vraiment la même Bretagne.
Le problème quand tu marche au fond d'une vallée c'est qu'a un moment faut en sortir, on se tape un putain de dénivelé pour remonter. Le paysage est magnifique, je regrette un peu d'avoir laissé mon appareil à Beyrouth mais vu les endroits ou on passe vaut mieux que je sois concentré sur comment ne pas me vautrer qu'occupé à faire des photos. Je suis toujours pas fan de rando. Ca change pas. Mais c'est bon de prendre l'air un peu. Sortir de Beyrouth. On arrive enfin en haut après cinq bonnes heures de marche quand même. Je m'étire en discutant avec Audrey et songe au entrainements des Partizans ou Paulo gueule quand fait les cons au lieu d'écouter ses consignes. C'est bon de faire du sport mais la marche vaut pas un bon vieux match de foot.
Retour à Beyrouth pour France-Brésil sur TV5 monde. Réflexion sur l'intelligence des gens qui font jouer un match de foot au Stade de France au milieux du Tournoi, ou comment être sur d'avoir une pelouse pourrave. Mais bon on va quand même pas faire jouer les bleus ailleurs qu'a Paris hein. Bandes de connards. En parlant du Tournoi on a vu France-Ecosse avec Sylvain et ce qui est sûr c'est qu'on sera pas champions du monde avec une défense comme celle là et que je commence a avoir de sérieux doutes sur Liévremont: Traille a l'arrière, ben oui bien sur il a un sens du jeu hors du commun...
Voilà pour mes analyses sportives que vous attendiez tous. En attendant je pars en Syrie la semaine prochaine et demain direction Saida avec Alex. Je commence aussi a regarder les billets retour... Ca passe vite, trop vite, j'ai pas envie de rentrer...

ps: Révélation de la journée: la lessive à la main c'est putain de chiant!!!  

mercredi 2 février 2011

Retour a Furn el Shebbak.


Ben voilà, on s'est fait jeter de l'appart de Bachoura. Victor est rentré en France et Mathilde habite maintenant avec 2 filles espagnoles et un mec qui ressemble tellement à David Villa que quand il est allé réciter un truc de Neruda à la soirée Slam (même pas capable d'écrire un truc) je pouvais pas m'empêcher de l'imaginer habillé en joueur de foot. Je l'ai dit a Sylvain, ça nous a fait ricaner un moment. D'ailleurs je sens que vous vous demandez tous: « mais c'est quoi cette histoire de Slam foutre dieu!? ». En fait c'est une pote, Anais, qui organisait une soirée Slam a Gemmayzé, j'étais pas super chaud pour lire un truc mais en arrivant avec Sylvain on nous a dit que si on récitait un truc on avait droit a un verre gratuit. Ni une ni deux j'ai écrit un truc sur un bout de papier et en avant guingamp! L'expérience a été plutôt concluante: j'ai eu des bonnes notes et même un compliment de la meilleure slameuse libanaise de l'histoire. Sylvain a carrément gagné la compétition, mais aucun mérite il fait du théâtre depuis tout gosse... La prochaine fois je prendrais le temps de bosser un peu et moi aussi je gagnerais... Y'a pas de raison!
Ca me gonfle de plus habiter à Bachoura. L'appart était juste génial. J'avais une grande terrasse avec vue sur la mer. Et c'est quand même plus classe que la pissotière d'Arnaud B. où tout le monde vient gerber parce que quand même le Communard ils sont cools alors on évite de leur pourrir les chiottes, en plus maintenant c'est Basile qui fait le ménage.
Sinon aujourd'hui c'est journée de merde: le master auquel je pensais postuler à l'université libanaise de Beyrouth (journalisme francophone) s'arrête l'an prochain, résultat: dans ton cul! Apprendre ça au réveil je vous garantie ca aide pas à commencer une journée. Si derrière tu te rends compte que ce con d'iphoto a effacé toutes les retouches que j'avais sur les 4700 photos qu'il contenait ben tu te pose sérieusement la question de retourner te coucher... Bon j'ai pas perdu les photos, juste les versions retravaillées, ce qui représente quand même pas mal de taf...
En ce qui concerne les points positifs, j'habite maintenant avec Sylvain, alias 20Syl, alias Souss'. Il étudie la littérature arabe à l'université islamique et parle mieux que je ne parlerais jamais. Le retour a Francais Land est plus supportable avec lui: c'est un gauchiste, il lit le diplo et partage mon aversion pour les gros cons de droite. Si vous pensez que c'est un intello c'est que vous l'avez jamais vu devant un match de l'OL. Enfin on est bien décidés à foutre la révolution dans notre immeuble et c'est plutôt cool. Mon deuxième coloc c'est Alex, alias The Dude, alias Frère Tuck. Il à 19 ans, ce qui en fait est très drôle: il connait pas Tostaky, ni Bernie, ni pas mal de truc que Sylvain et moi considérons comme cultes. En plus là il vit son premier chagrin d'amour, il est persuadé qu'il va en crever...C'est mignon.
Alex hier soir, apprenant que Sylvain a acheté du rouge pour le repas...
Bref, nous avons un super appartement plein de bières et de joie de vivre où s'épanouissent vulgarité et expressions fleuries. Mais où Sylvain maintient un niveau culinaire qui fait la joie de ses colocataires. Et en plus j'ai maintenant un lit KING SIZE (en fait c'est deux lits 1 place collés) et c'est quand même super cool de pouvoir a nouveau faire l'étoile de mer dans mon plumard.
Voilà, je vais bosser un peu mon arabe, j'ai cours tout a l'heure... A bientôt pour de nouvelles aventures sous le soleil Beyroutin.  

mercredi 26 janvier 2011

Lei khaylen? Ana mich khaylen.


« Pourquoi tu as eu peur? Moi je n'ai pas eu peur. » Soap Kills, electro/trip hop libanais. Ma découverte musicale du moment. Et j'ai eu un peu peur. Pas vraiment pour moi, plutot de devoir partir, rentrer si tôt en laissant tout derrière moi.
Fallait bien que ca arrive. «Jour de colère ». Les partisans de Saad Hariri décrètent une journée d'action pour protester contre la nomination de Mikati au poste de 1er ministre. Contrairement à ce que j'ai pu lire dans les journaux français, Mikati n'est pas « LE candidat du Hezbollah ». Le Hezb avait proposé Karamé comme premier ministre, il s'est ensuite rangé derrière Mikati qui faisait concensus au sein de l'ancienne opposition. Résultat « jour de colère » au Liban. Je peux pas m'empecher de penser à « Jour de tonnere » un film moisi que j'ai vu il y'a longtemps (avec Tom Cruise je crois???).
Ca part un peu en vrille a Tripoli (bastion Haririste), jets de pierres sur l'armée et une camionette Al-jazera incendié.
A Beyrouth les troubles sont concentrés dans certains quartiers. Pneus qui brulent pour bloquer les routes. L'armée qui tire en l'air pour disperser la foule. Enfermé chez moi j'entend les raffales d'armes automatiques. Sursauts, un peu se stress aussi. Mais c'est bizarre la vitesse avec laquelle on s'y habitue.
Une journée ou on évite de sortir, c'est peu en trois mois. Coup de bol les coupures d'électricité me laissent tranquille, je passe la journée a glander sur le net. Prendre des news, raconter des conneries sur le Partizan.
En fin d'aprem un rassemblement pro-Hariri sur la place des Martyrs. Ils sont même pas 200, on dirait l'AGET et la CNT sur le Capitole pour les sans papiers. C'est un peu pathétique. Je pense que Saad comptait que les protestations prennent plus d'ampleur. Pas grand chose de bien violent, ni de bien concluant. Le 1er ministre est nommé, le courant du futur dans l'opposition. C'est loin d'être fini, et je pense pas que ce nouveau gouvernement tienne bien longtemps. Mais les manifestations sont terminées. La tension semble retombée, comme si la pluie violente qui tombe sur Beyrouth aujourd'hui avait douché toutes les ardeurs.(En meme temps, cramer des pneux quand il tombe des cordes c'est moins facile.)
Ca peut repartir, a tout moment, c'est ce que les libanais appellent « Le pas de lendemain ». On ne sait jamais comment la situation va tourner. Alors on profite d'aujourd'hui. Ce soir soirée Slam a Gemmayzé. Mathilde me prend la tête pour que j'écrive un truc. Quelques essais infructeux, de toute façon j'ai pas envie de réciter un truc. Je me contente de souffler sur mon thé brulant en écoutant Soap Kills, regarder les redifs' du championnat du monde de Hand sur Al-jazera sport en essayant d'expliquer les subtilités du jeu à Victor (Luc Abalo, viva la madre que te pario!). Beyrouth est tranquille, moi aussi.

jeudi 20 janvier 2011

A mon Beyrouth


Il ne faut pas se leurrer, la situation se tend, on ne le perçoit pas encore vraiment concrètement mais l'armée se déploit doucement dans la ville, autour de la résidence du 1er ministre, du parlement et dans certains quartiers. Le Hezbollah montre ses muscles, mardi matin des dizaines de personnes ont pris possession de carrefours et de grands axes routiers, sans arme, juste pour montrer avec quelle facilité ils pourraient bloquer Beyrouth. En 2008 ils ont eu le contrôle de Beyrouth Ouest pendant quelques jours, par les armes cette fois...
Alors on fait quoi? Encore une fois on s'attend à un retour de la violence (à plus ou moins long terme, à mon avis pas pour tout de suite). Et encore une fois le Liban va revenir au centre de l'actualité pour les mêmes raisons que chaque fois depuis 1975, la violence, la guerre, le chaos... Et encore une fois la seule image de ce pays qu'aura l'occident sera celle d'un puzzle communautaire incapable de s'entendre, d'un vaste bordel, de Beyrouth comme un champ de ruine, du terrorisme, de la violence...
Alors avant tout ça je voudrais parler du Beyrouth que je commence a connaître. De tout ce que j'aime ici depuis trois mois déjà. Essayer vainement de combattre les clichés qui collent à la peau du Liban.
Je voudrais dire que les libanais sont extrêmement sympathiques, toutes religions confondues, accueillants et portés sur la rigolade. Qu'il se dégage de ce peuple une force vive que je n'avais senti nulle part ailleurs. Une volonté inaltérable de vivre. Et que non, on ne croise pas des civils armés de Kalashnikov à chaque coin de rue.
Que la vie culturelle est putain de vivante. Qu'il y'a des expos, des concerts, des librairies partout. Que Beyrouth malgré tout est belle. Pas belle comme on l'entend en France, pas belle comme Paris mais belle parce qu'elle recèle du mélange entre ancien et nouveau,entre détruit et reconstruit. Entre Occident et Orient. Et que même si il y'a des bâtiments détruits partout et des buildings tout neufs et aseptisé, lorsque tout cela est baigné de soleil, entouré de ses montagnes aux neiges éternelles et bordé par le bleu tranquille de la mer Beyrouth est belle. Et non ce n'est pas un gigantesque champ de ruine genre Stalingrad à la fin du siège, et je préfère vivre ici qu'a Geugnon, St-Etienne, Le Havre, Roubaix, Amiens... (rayer la mention inutile).
Je n'ai pas encore assisté à des bastons à coup de tessons de bouteilles comme j'en ai déjà vu aux Tiercerettes ou de bagarres de connards ivres morts comme cela arrive régulièrement à St-Pierre. Mais c'est vrai que j'ai peut être eu de la chance, je suis pas là depuis si longtemps que ça. Quoi qu'il en soit je me sent plus serein la nuit seul dans Beyrouth qu'a Paris, et ce malgré un absence quasi totale de policiers.
La vie nocturne ici est la plus animée que j'ai jamais vue, il y'a énormément de bars et boite de nuit. Les libanais sont un peuple de fêtards et ne passent pas leur temps à faire la guerre et non on ne risque pas de prendre une balle dès qu'on met le nez dehors, une cuite par contre c'est plus probable...
Le Liban est un pays magnifique, les montagnes autour de Bécharé sont magiques, les ruines romaines de Baalbek n'ont rien à envier celles que j'ai vu en Italie. Le littoral quoi qu'un peu bétonné n'est pas du tout moche. Et la vallée de la Beeka verdoyante des champs et des vignobles est très jolie. En parlant de vignoble le vin libanais est aussi très bon.
Revenir m'installer ici durablement un jour ou l'autre est une chose que j'envisage et je ne pense pas être fou ou suicidaire.
Enfin, que cela soit dit: les libanaises sont des bombes atomiques, et aussi futile et frivole que cela puisse paraître si on doit garder un cliché sur le Liban je préfère celui là à celui d'un pays en ruine ravagé par la guerre.

mardi 18 janvier 2011

Pendant ce temps à Beyrouth Ouest

Comme partout ailleurs on parle beaucoup de la Tunisie. Le régime était vu ici comme un des plus solides du monde arabe, d'où la surprise de voir l'autre con partir en catastrophe pour éviter de se retrouver au poteau.
Le calme règne sur Beyrouth, rien à signaler, quelques rassemblements de jeunes (sans armes) tôt ce matin dans le sud de la ville mais rien de bien concluant. Pourtant le Liban s'enfonce dans la crise. Les consultations pour trouver un nouveaux premier ministre ont déjà était repoussées d'une semaine. Je ne sais pas pourquoi mais je pressent que ce report n'est pas le dernier. Le TSL a rendu son acte d'accusation, pour l'instant confidentiel. Le procureur rappelle le principe de présomption d'innocence. Manière comme une autre de calmer les éventuelles ardeurs du Hezb. Hassan a parlé l'autre jour, on l'a regardé avec mon colloc sans rien comprendre à ce qu'il pouvait bien raconter. Il n'a en fait rien dit de bien nouveaux, je l'ai trouvé très calme, loin du tribun auquel je m'attendais. Pendant que les politiques tergiversent, le prix de l'essence grimpe en flèche, comme beaucoup d'autres produits de base, pas besoin de chercher bien loin qui seront les victimes de la crise politique du Levant.
Le soleil brille et je regarde la mer depuis ma terrasse. Je me suis attaché a cette ville, plus vite que je ne l'aurais cru. Et beaucoup de français peuvent dire qu'ils préfèrent Damas, je ne suis pas d'accord. Beyrouth est magique, sale, polluée, déglinguée mais plus vivante que n'importe quel endroit du monde. La ville qui ne veut pas mourir. La ville du contraste, du paradoxe, de la contradiction. C'est la seule chose qui me fait peur, la voir sombrer dans la violence, le chaos, la tristesse, Beyrouth ne mérite pas ca, je l'aime déjà trop pour ne pas flipper pour elle.
Par solidarité avec le pays ma colloc' a choppé une bonne vieille crève des familles. Elle se terre dans sa piaule avec une tronche a faire flipper un zombie. Enormes cernes sous ses yeux et bonne toux grasse que j'entends en écrivant dans le salon. Je peux pas m'occuper du Liban mais je peux m'occuper d'elle, thé brulant, thermomètre, paracétamol... Si seulement ca pouvait être aussi simple de soigner la poussé de fièvre du Liban.
Fumé un cigare hier, sport national ici, un Romeo y Julieta n°1 pour célébrer la naissance de ma 6ème nièce (Lisie, welcome). La fumée lourde dans la fraicheur du soir en discutant distraitement avec Victor.
Ce matin direction l'ambassade pour me faire inscrire comme ressortissant français, comme ca je serais invité au cocktail du 14 juillet (m'en fout je serais rentré) mais surtout je suis assuré qu'ils partent pas sans moi en cas d'évacuation (peu de chance mais on sait jamais). Comme à chaque fois que l'on a recours à l'administration n'importe où c'est super chiant et j'y passe une bonne partie de la matinée. Résultat ils me font pas de carte car je repars bientôt et je me retrouve comme un con avec mes photos d'identités super moches et super chères... Se retenir très fort de pas balancer tout ce qui me vient à l'esprit concernant une parenté entre les fonctionnaires et les charognards de certaines contrées désertiques.
J'ai commencé à écrire un truc sérieux sur la situation politique, on sait jamais, c'est peut être ma première occasion d'être publié, faut que je me dépêche avant que le buzz tunisien retombe et que les journaleux français se rappellent que le Liban existe et que ce qui se passe risque de pas être jojo.

vendredi 14 janvier 2011

Nothing as change

On l'attendait, depuis quelques jours cela semblait innévitable, on en parlait pas mais c'était dans l'air. Puis mercredi en fin d'aprem la nouvelle est arrivée. J'étais chez moi, à galérer pour me connecter au net, Victor et rentré, je n'ai rien dit et suis allé mettre la bouilloire sur le feu.
Le gouvernement venait de tomber, les 10 ministres de l'opposition ont démissioné, bientôt suivis par un onzième, ce qui entrainait constitutionellement la chute du cabinet de Saad Hariri. Coupure je jus, silence sur la ville, ce qui est assez rare pour être souligné.
Le Liban est de nouveau au bord de la crise. Au vu de la situation il est clair qu'il ne se dégagera pas de consensus sur un nouveau gouvernement avant un bon moment. On tire des plans, chacun a son avis. Que va faire le Hezbollah? Ils sont intouchables militairement. Personne ne peut les attaquer et ils ont les moyens de prendre le pouvoir par la force. Cela semble pourtant improbable, leur tactique depuis 2006 est d'apparaitre comme un parti respectable, dont les armes s'opposent à Tsahal et ne se retourneront jamais contre le Liban.
Alors quoi? On repart dans l'impasse politique pour deux ans? Comme entre 2006 et 2008 quand le pays a passé de longs mois sans premier ministre et que la situation a pourri jusqu'à faire une centaine de morts dans des affrontements chiites/sunnites. C'est plus que propable. C'est en tout cas ce que je crois.
En attendant Beyrouth est exactement la même. Aucune différence. Tout est calme. Pas de gigantesques manifs comme on pensait qu'il y aurait forcément. Je surveille la place des Martyrs depuis ma terrasse. Mes deux appareils prêts à mitrailler si quelque chose se passe. Mais il n'y rien.
Les libanais semblent prendre tout ça avec philosophie. C'est pas comme si c'était la première fois qu'un gouvernement s'éffondrait, incapable de survivre à ses contradictions.
Deux grenades ont explosées dans un local du parti de Michel Aoun (chrétien allié au Hezb dans l'opposition) ca c'est passé dans un village hors de Beyrouth, et c'est pour l'instant le seul incident depuis mercredi. On peut croire qu'il est l'oeuvre des partis chrétiens de la majorité, mais comment savoir? Ce qui est sur c'est que c'est le parti le plus faible de l'opposition qui a été attaqué. On peut pas encore toucher au Hezb ou à Amal les deux grands partis chiites qui sont la base du rassemblement du 8 mars.
On attend l'acte d'accusation du TSL, qui devrait mettre en cause le Hezbollah dans l'assasinat de Rafik Hariri. A ce moment là ca risque de craindre un peu plus. Si le Hezbollah est accusé il va forcément réagir. La publication est sans cesse reportée, alors il y'a moyen que cela prenne encore plus de temps que prévu maintenant. La précipitation ne serait bonne pour personne.
Pour l'instant il ne se passe rien. Le soleil est revenu, en terrasse les libanaises rivalisent toujours de coqueteries. Ce soir c'est vendredi. La légende raconte que la nuit beyrouthine s'enflamme en temps de crise. On verra bien...

lundi 10 janvier 2011

Feraya, le Val Louron libanais.

ENFIN! Après trois mois de climat variable mais monotone (en gros super chaud puis super orage), j'ai enfin découvert le ski au Liban.
Gilbert était motivé pour aller perfectionner sa technique de snowboard et moi ben j'attendais que ca depuis un mois au point que j'en étais à lire les compte rendus des slaloms de coupe du monde sur l'équipe.fr et je vous jure que y'a rien de plus chiant.
Alors ce matin c'est parti, lever à 7h30 (aouch) et traversée de Beyrouth en taxi accompagné de ma super tasse/réchaud qui te permet de te bruler la langue avec ton café même une bonne demi heure après préparation.
On monte vers Feraya, la station la plus connue du Liban du moins je crois je suis pas encore un spécialiste. Il fait super pas beau, tout gris avec du brouillard. Mais on à la foi. Location du matos, j'appréhendaisssssssss un peu de me retrouver avec une vieille paire de ski droits que même mon père les trouverais has-been et totalement inskiable, mais comme Gilbert connait les gens de la boutique je me retrouve avec une bonne paire de Salomon V12 crossmax pas tout neufs mais bien fartés et affutés (si t'es initiateur ou que t'as juste du temps à perdre tu peux les voir ici:http://www.snowrental.net/fr/ski/materiel-ski/salomon/2006/salomon-crossmax-v-12.html)
On arrive en haut, il neige, il fait froid, et évidement mon équipement se limite a un jean, ma polaire, mon bonnet de Tripoli qui est déjà tout déformé degueu et mes Ray Ban ce qui sous la neige et loin de valoir mon beau masque qui dort chez mes parents... On hésite un peu mais maintenant que je suis là j'aurais du mal a redescendre. L'hiver bordel! Le vrai, le froid, l'humide... C'est que du bonheur! Il n'y a qu'une piste ouverte, qui n'a rien à envier aux « doubles » a Val Louron. Le reste de la station à pas l'air mal mais ça sera pour un autre jour.
Première descente, les sensations reviennent et mes skis sont des machines à carver. Bon comme jusque là mon activité sportive au Liban se limite à bouffer comme un porc et boire des bières et que en plus comme dirait Corinne: « T'es pas centréééééé!!!!! » je galère un peu au début. Mais ca revient bien, petit a petit je commence à retrouver mon ski...
Les libanais ont plutôt un bon niveau, plus que ce à quoi je m'attendais, mais pas non plus vraiment super solides. Le truc c'est que ceux qui sont bons on devrait leur dire que la godille c'est has-been. Bref pour une fois je crois que je suis le meilleur sur la piste: j'aime!
Le truc vraiment drôle c'est ceux qui sont super sapés mais qui savent pas skier. Je rigole bien en les regardant. Bon à force d'être sous la neige et de poser mon cul sur le télésiège mouillé je finis par avoir salement froid. Claquage de dent, et de genoux, fatigue et j'ai même du mal à tenir mes skis sur certains virages... Une bonne demi journée de ski, histoire de retrouver mes marques.
Sur le retour arrêt dans un petit resto qui fait les meilleurs manouchés que j'ai mangé depuis que je suis là. Une pure TUERIE! Retour à Beyrouth épuisé, pas beaucoup dormi, premier effort physique depuis deux mois, et le froid dont j'avais perdu l'habitude. Mais c'est que du bonheur, il me tarde de revenir.    

dimanche 9 janvier 2011

You're my wonderwall...

The end, The Basement ferme ce soir, lieu mythique de la nuit beyrouthine resté ouvert même en 2006 pendant que Tsahal bombardait le quartier... Les bombes et la danse. Beirut don't die.
On se retrouve là avec Victor, 2h du mat', bien motivés pour pas laisser cette nuit nous échapper. Dans quelques temps on pourra dire « j'y étais ».
Boite libanaise typique. Les reines de la nuit sont magnifiques, robes super courtes et maquillages de star. On se croirait dans un clip de R'nb, et debout sur les tables elles dansent toujours plus longtemps pendant que la population masculine s'hypnotise de leurs jambes interminables qui bougent en rythme. Ne pas penser à demain.
« I don't believe that anybody feels the way i do about you now... » On essaye de se convaincre que c'est le cas mais en vrai nous sommes tous amoureux des filles qui bougent autour de nous... Rien de plus universel que l'effet d'une jolie fille sur un mec bourré, surtout ici. 2000 ans de métissages qui se noient dans un verre de Jack. Arrogance méditerranéenne, beautés brunes et bronzées, talons aiguilles enfoncées dans les canapés pour un numéro d'équilibriste impressionnant. Danser à deux grammes sur un canapé, perchées sur 10 cm de talons... Mais ca tient, ca passe, ca continue... Les yeux s'embrouillent et les sourires se figent. Elles ont vite fait de vous faire sentir tout petit les filles d'ici.
Max Roméo vient calmer tout ca, 2 minutes pour reprendre son souffle sur le reggae... « I chase the devil out of earth ». Chasser la guerre et la violence. Chasser la peur et la tristesse. A l'opposé de la mort il y'a la nuit beyrouthine.
Victor retrouve sa langue maternelle, tout revient en espagnol, je préfère quand il parle portugais. Le stade à pris une branlée contre Paris. Mais je m'en fout. On réfléchira demain. En attendant on danse, ne pas lâcher l'affaire.
Samedi soir à Beyrouth, futile, sonore, égoïste, chaleureux... Le jour se lève, la mer retrouve son bleu et les éclairages de la place des martyrs s'éteignent peu à peu pendant qu'on rentre dormir.
It's the end, il n'y aura plus de soirée ici. Le Basement est mort, vive le Basement.  

dimanche 2 janvier 2011

31 décembre à Beyrouth, ou comment trahir sa classe pour un morceau de foie gras.

Ben voilà, 2011. Vu d'ici ca commence par un déménagement. Et évidement c'est le jour ou je suis censé traverser Beyrouth avec mes sacs qu'il flotte pour la première fois depuis deux mois. Et ici il pleut pas souvent mais par contre quand il pleut ca envoie du gros... Bref une bonne grosse galère bien sympa à me faire entuber par un chauffeur de taxi qui demande 3 fois plus que d'habitude parce qu'il sait bien que tu vas pas rester sous l'orage 107 ans et que vu que tu risque la pneumonie aggravée t'es pas vraiment à 3 dollars près.
Arrivée dans mon nouvel appart ou m'attendent , outre les photos d'Hassan Nasralah dans le couloir parce que je suis passé d'un quartier chrétien à chiite, mes nouveaux colocataires super cool: Mathilde (une française qui fait un stage dans une ONG chelou, j'ai pas tout bien compris faut que je lui demande des précisions) et Victor (qui bosse pour l'UE, est hispano-brésilien et supporter de l'Athlético Madrid mais personne n'est parfait.) On fait péter une bouteille de rosé d'Anjou histoire de fêter mon arrivée.
Bon moi évidement j'avais toujours pas de plan pour la soirée, parce que entre les retouche photos de la Syrie, le comptage de mes orteils (10!), le ménage dans mon ancien appart et la prise de tête pour boucler mon sac qui semble rapetisser de jours en jours... Ben j'avais pas vraiment pris le temps de penser à ce que j'allais glander pour célébrer dignement la fin de 2010 (pas mécontent que ca se termine d'ailleurs...). Mais c'est là que c'est bon d'être en colloc, sur les trois y'en à forcement un qui va avoir une bonne idée...
Donc on se retrouve a suivre Mathilde à un diner chez des gens qu'elle connait pas mais ou elle a été invité (cherchez pas, j'ai pas compris non plus). Pour le reste de la nuit, un open bar pas trop cher vers Gemmayzé, moi ca m'allait plutôt étant donné que j'avais rien prévu et que les soirées que j'ai déjà passé avec Mathilde furent quand même bien sympas. Départ à pied pour Gemmayzé (ouais parce que maintenant j'habite au centre...) Achat de vin et de bières pour pas arriver les mains vides.
Et la subitement je suis projeté dans la troisieme dimension. Une bonne douzaine de personnes tous sapés sur le même modèle, mocassins (ou chaussures bateau pour les rebelles) 501 bien repassés, et chemises rayées dans les roses ou pastels. Petites médailles de baptêmes et coupes de cheveux impeccables. On se sert la bière dans les verres grands comme des dès a coudre pendant que j'ouvre tranquillement ma deuxième Almaza avec mon briquet. Puis bon pour varier les plaisirs on attaque le rouquin (Prieuré, mon préféré j'en ai déjà parlé) et la j'apprend que ne pas laisser une fille ouvrir une bouteille de rouge ce n'est pas une question de machisme ou de féminisme mais de CONVENANCE (putain mais j'étais ou moi quand les autres ont appris les convenances ???) Texto hein, j'en rajoute pas y'a quelqu'un qui a dit ca. Froncage de sourcil en pensant à mes quatre fantastiques qui à l'heure qu'il est doivent être entrain de s'envoyer du Cahors tradition direct à la bouteille et à la tête que ferait ma mère et ma soeur si on tentait de leur expliquer qu'il faut respecter les convenances (j'adore ce mot bordel!) et qu'elles ne doivent pas ouvrir la bouteille, choisis ta réponse: ma frangine t'envoie le coup de tête de tes beaux jours pour t'apprendre à te foutre d'elle et ma mère te demande si tu veux une tarte espèce de petit con (notez que les femmes de ma famille sont moins violentes en vieillissant mais qu'elles ouvrent toujours les bouteilles de rouge...). On doit être trois à pas avoir de nom à particule dans l'assemblée et ceux qui ne sont pas à l'IEP de Paris font des études dans la finances. Je m'isole trente secondes dans une piaule remplie de crucifix et ou j'ai le temps de voir des bibles en 5 langues différentes pour envoyer un message « Robespierre reviens! Il en reste plein! » à Sylvain qui se marre tout seul dans le bus qui le ramène de Syrie.
Il se fait l'heure de passer à table, rebelote pour les bouteilles de vin mais je vais le raconter deux fois... Et là grand moment du FOIE GRAS (je sais ca paraît pas exceptionnel mais venez bouffer du Houmos et des Falafels pendant deux mois et on en reparle). J'abandonne illico toutes mes pensées impures de gauchiste, (Staline reviendras et vous ferez moins les malins... Bernadette de Lourdes était une trainée sous champi... Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi l'Eglise a mis 1800 ans à reconnaître la virginité de Marie? ) et savoure le foie gras avec un coup de rouge et tant pis si je me retrouve dans un train vers la Sibérie pour collaboration avec la bourgeoisie... Basile si tu lis ca me balance pas!!! C'était quand même salement bon leur foie gras, puis j'ai réussi à engager la conversation avec mon voisin (je deviens sociable uniquement le ventre plein) qui s'est avéré être un attaché parlementaire d'un député socialiste (c'est comme le foie gras, ca paraît pas fou mais dans le contexte c'est grandiose).
Les plans ont changés, on va plus à l'open bar mais à une soirée chez un étudiant libanais de l'AUB (American university of Beirut,ca pète hein?) Bon évidement Sylvain et moi on se paume sur le chemin, pour se retrouver devant le feux d'artifice à Raouché à minuit pile tout les deux sous la pluie... C'est sympa.
On arrive enfin dans un gigantesque appartement sur la corniche, avec l'ascenseur qui monte direct dans l'appart s'il vous plait. Le maitre de maison nous attends, nous souhaite bonne année et annonce tout de go qu'il reste quinze bouteille de vodka à finir. Autant avec Sylvain on est pas les derniers pour rendre service mais quinze quand même c'est beaucoup. Il y'a aussi une table avec de la bouffe à profusion, et je vous le dit celui qui croit qu'il va me griller sur un toast au roquefort sous prétexte qu'il porte une chemise Calvin Klein je lui souhaite bien du courage.
On se pose dans un canapé avec notre verre pour regarder les jolies filles danser. Plus tard on tentera bien de mettre le feu au dancefloor mais honnêtement je progresse autant en danse qu'en arabe... Sylvain profite lâchement du fait que je me ridiculise sur Billie Jean pour suggérer que peut être éventuellement il pourraittt en profiter pour aller cramer une clope sur le balcon, ce à quoi je répond que si il me laisse danser tout seul comme un con je pourrai éventuellementtt lui exploser le crane a coups de Stan Smith vintage.
La vodka aidant on commence vraiment passer une bonne soirée, surtoutt quand le maitre de maison m'offre un Monte Christ et un verre de Jack (comment a t'il deviné?) en s'installant à coté de moi pour me raconter comment il à fêté ses 21 ans à Vegas, pour préserver l'innocence des plus jeunes de mes lecteurs je vais pas développer ce passage...
Voilà la soirée continue jusqu'à l'aube, comme n'importe qu'elle soirée de nouvel en fait, la musique devient plus jazzy et on s'assoit dans les fauteuils du salon pour finir nos cigares pendant que le jour se lève.


Bonne année à tous (oui, je suis pas rancunier.)