vendredi 31 décembre 2010

Damas ville ouverte. (c'est le titre d'un dossier que j'ai rendu en licence)

(Lire en premier l'article de dessous, Noël en syrie)


Après deux bonnes heures de bus en plein cagnard au milieu du désert on arrive à Damas. Accompagnés par le frère de Rafat, qui va nous loger. Quartier populaire loin du centre ville, voisin du dernier quartier Palestinien de la ville. On part visiter la ville. Mini bus pourris jusqu'au centre. Arrivée dans les souks, contrefaçons de maillots de tous les clubs européens, mais malgré mes demandes impossible de trouver un maillot syrien. Boutiques de bijoux, de narghileh ou l'on peu composer le sien comme on veut. Choix du réservoir, du tuyaux, de l'embout. J'hésite un peu mais avec mon petit sac je vais galérer.
Arrivée dans le passage qui mène à la grande mosquée, souk couvert par un toit noir, énormément de boutiques de souvenirs et beaucoup de touristes. Vingt cinq sortes de keffieh différents. J'en achète deux, un classique, palestinien, rouge. J'ai appris y'a pas longtemps que chaque couleur correspondait au départ à un parti, le noir pour le Fatah, rouge FPLP et le vert pour le Hamas, même si je n'en avais jamais vu avant Damas. Et un autre syrien, rouge aussi mais très différent de l'autre.
La mosquée Omeyade, enfin, depuis le temps que j'en entends parler. Je me rappelle de ce dossier rendu en L3. La deuxième plus ancienne mosquée de l'Islam après celle du rocher à Jérusalem. Finie en 715, moins de 100 ans après l'égire. Elle a servi de modèle pour énormément de mosquées dans le monde.
On entre dans la grande cour. Magnifique. Trois minarets, et trois coupoles. On bloque 5 minutes, ca fait bizarre d'être là. Balade sur le carrelage brillant qui recouvre tout le sol. Puis la grande salle de prière, la tombe du prophète Yahya (je sais pas qui c'est pour le moment), et une gigantesque coupole de plus de 45 mètres de haut. Beaucoup de fidèles en prières et beaucoup de touristes accrochés à leur Lonely Planet. Passage dans la salle Al-Hussein, notre guide nous attends dehors, il est sunnite et ne veut pas rentrer. Dans la salle se trouve la tête d'Hussein, fils d'Ali, martyr pour les chiites. Ils viennent du monde entier en pèlerinage pour voir le mausolée ou est placé sa tête. Groupe d'iraniennes toutes en noir qui pleurent comme si il était mort hier, puis se mettent à chanter en marquant le rythme. En m'approchant je m'appercois qu'elles ne frappent pas dans leurs mains mais sur elles, leurs têtes, leurs poitrines, toujours en pleurs. C'est leur manière de célébrer le martyr et c'est quand même super impressionnant. J'hésite mais prend quand même une vidéo rapide, je pense pas revoir ça souvent. On ressort de là un peu secoué.
Sortie de la mosquée, on se dirige vers la tombe de Saladin dont le mausolée se trouve à coté. C'est fermé, on ne verra que l'extérieur qui ne présente pas grand intérêt. Mais bon c'est quand même Saladin, l'homme qui à repris Jérusalem au chrétiens. De l'autre coté il y'a une statue équestre de lui. Elle est plutôt classe.
La nuit tombe, on monte sur la montagne qui surplombe la ville. Narghileh et bière syrienne (pas top d'ailleurs) devant Damas illuminée, traversée par une autoroute qui passe au milieu de la ville. C'est méchamment pollué ici, plus que Beyrouth, j'ai plus d'odorat depuis qu'on est arrivé. Quand tu commence à te moucher noir, vraiment noir je veux dire, tu te dis que passer une vie ici doit être quand même assez hard.
Le lendemain matin on se ballade dans la vieille ville puis pause dans un parc, c'est bon de se retrouver sur l'herbe, c'est ce qui manque à Beyrouth les espaces verts. Derrière nous un immense drapeau syrien en haut d'un mat de cinquante mètres. On le voit de super loin, ici ça rigole pas avec le nationalisme.
L'aprem c'est Hammam, dans la vieille ville. Que des syriens, on est plutôt contents d'avoir évité les trucs de touristes. Pour moins de 5 dollars se retrouve dans un hammam traditionnel, construit par les turcs seldjoukides. L'humidité fait du bien, on s'assoit sur les mosaïques en s'envoyant de pleines bassines d'eau brulantes sur la tronches. Plusieurs alcôves autour de la pièce principale. Certaines plus fraiches, d'autres intenables de chaleur et pleine de vapeur. On reste là une bonne heure, énormes savons à l'huile d'olive qui font la peau douce. En sortant on se retrouve emmitouflés sous plusieurs couches de tissus. J'ai l'air super con avec ma serviette rose sur la tête, mais on savoure un pur thé en séchant assis sur les canapés. C'était juste royal, il me tarde de retourner à Damas juste pour ca. La nuit est tombée quand je repars à Beyrouth, à 6 dans une énorme Chevrolet sortie des « Affranchis ». De retour chez moi fatigué mais heureux. C'était un noël original. Pour le nouvel an je sais pas encore, on verra bien.

Noël en Syrie.

Les fêtes, période particulière à l'étranger. La plupart des français sont au pays, les libanais sont en famille, et les quelques français qui comme moi sont restés là sont sensibles au coup de blues. Noël c'est le moment en famille, les retrouvailles, partager un repas avec tout le monde. La galère des cadeaux achetés dans la nuit qui tombe tôt, le marché de Noël au Capitole, avec le stand de charcuterie ou j'achète un assortiment tous les ans et les aligots-saucisses-vin chaud partagés avec les potes tellement emmitouflés dans leurs écharpes que ne dépassent que leurs nez.
Le manque se fait sentir. Les parents, ma frangine et son keum, Nadine, Dominique et les filles que je vois pas souvent même en France. Le sourire des petits devant le sapin pendant qu'on lutte avec la gueule de bois...
Puis le nouvel an, qui bien que beaucoup trop prévue pour être vraiment mythique est la soirée qu'on prépare avec les potes, ou on s'organise, on ritualise l'amitié en quelques sorte. Flash de l'an dernier, Marion et Paul à la gratte et les scandales de la rue ses Quêteurs.
Bref, pas facile facile d'être loin de la Garonne pour les fêtes. Tout le monde me manque méchamment. Aucune envie de me retrouver tout seul à Beyrouth à cogiter et travailler sur ma nouvelle le soir de Noël. Sylvain à un plan, partir en Syrie dans la famille d'un de ses collocs, Abdel Salam qui vit au sud du pays presque à la frontière Jordanienne. Hors des routes touristiques et des grandes villes Damas et Alep. Alors on trace, le 24 décembre dans l'aprem, en tee-shirt dans Beyrouth écrasée de chaleur c'est le départ. On traverse l'anti-liban, la chaine de montagne qui sépare les deux pays dans un mini-bus affrété par les habitants du village qui vivent à Beyrouth. Plusieurs heures de routes avant que le taxi nous pose devant une maison un peu à l'écart de l'agglomération, au milieu des champs d'oliviers. Il fait nuit noire pendant qu'on décharge nos sacs et arrive une petite gamine haute comme trois pommes dans un pyjama rose. Elle me tape dans la main. « A Salam Aleikoum ». Je me concentre pour pas laisser la pensée de mes neveux monter en moi et lui rends sont salut avec le meilleur arabe dont je suis capable. « A maleikoum Salam. »
On s'installe dans le salon, tapis et nombreux coussins sur lesquelss on s'affalent avec les cousins d'Abdel Salam et ses petits frères qui égrainent le nom de tous les footballeurs français qu'ils connaissent. Zizou a biensur leur préférence, et apprenant que Sylvain habite à Lyon lui demande si il connait Karim Benzema. Le foot et un langage international. Repas de fou pris en tailleur sur la tapis, on mange à se faire péter le bide, puis un thé bien chaud avant de dormir.
Le lendemain on boit le café devant la maison au soleil. Quelques jongles avec les gamins, longtemps que j'ai pas touché le ballon, je rouille. Un de frères, douze ans, à déjà un pied gauche plus soyeux que ne le sera jamais mon pied droit. On part faire le tour de village, les familles chrétiennes reçoivent pour Noël, on s'arrête dans toutes les maisons, cafés, gâteaux, thé et sourires. On doit être parmi les premiers occidentaux à passer dans le coin. On s'arrête à la terrasse d'une maison ou son rassemblés plusieurs hommes âgés, le keffieh sur la tête et le narghileh posé à leurs pieds. On s'assoit et Sylvain commence à discuter. Moins de 20 secondes après une phrase fuse et ils se lèvent tous pour partir. Je comprends qu'il s'est passé quelque chose. Sylvain m'explique plus tard qu'en apprenant qu'on est français un des vieux à dit « C'est avec des armes françaises qu'Israël à fait la guerre à la Syrie. ». On maudit tous les deux Marcel Dassaut et ses avions de chasse ainsi que Gouraud et le mandat français qui facilitent pas le contact. Plus tard en discutant avec avec le père d'un autre colloc de Sylvain on nous dira « Vous n'êtes pas responsables de l'occupation française, c'est du passé, et il faut faire la différence entre les gens et ceux qui les gouvernent. ».
L'aprem on va à la fête de l'école du village, on saisit pas bien pourquoi. On se retrouve assis au milieux de tous les gamins et des parents devant une pièce de théâtre que je ne comprends pas. Quand on essaye de sortir on nous explique que non, les français doivent rester à l'intérieur. Plus tard on apprend que pendant ce temps là dehors Abdel Salam et un autre mec se sont battus dehors pour une histoire de fille qu'on comprend pas vraiment. Retour chez Abdel Salam pour là soirée avec tous ses potes et le boulet du village tout content de nous montrer la croix gammée dessinée au stylo sur sa main sous le regard affligé des autres qui s'excuse dès qu'il est parti.
Le lendemain on se rend dans la ville d'a coté pour aller voir un autre des collocs de Sylvain, Rafat. A nouveaux reçus dans la famille, rencontre avec le père, l'oncle et tous les cousins. A nouveaux repas de fou et on mesure à quel point l'hospitalité et une valeur forte ici, on est accueillis comme des rois, j'oublierais jamais ça. On peut rien toucher, rien faire, même pas empiler les assiettes à la fin du repas ou plier nos couvertures le matin. Les invités ne doivent surtout rien avoir a faire.
Road trip à trois sur des motos chinoises dans la campagne. Easy Rider syrien. Jusqu'à une vallée ou la famille cultive oliviers et orangers. C'est magnifique, trouée verte au milieux du paysage aride. On mange les fruits direct sur l'arbre. C'est que du bonheur. Je mitraille le paysage alentour pendant qu'on m'explique que la rivière qui prend sa source ici va jusqu'en Palestine (car ici on ne dit jamais Israël). Ils roulent comme des barjots, mais on est encore un peu trop occidental pour qu'on nous laisse conduire. Couché de soleil au bord d'un lac artificiel, réservoir d'eau pour les cultures. La nuit est belle et on fait un tour dans le village. Pause au cyber-café tenu par un cousin. Thé et narghileh. Demain on part à Damas, j'ai kiffé le séjour, mais je peux pas m'empêcher de remarquer qu'on n'a vu aucune femme, jamais, hors mis la petite soeur d'Abdel Salam. Toujours arrangé pour qu'on ne croise ni soeurs, ni mères. La bouffe, le café et le thé arrivent comme par magie. Je sais bien que c'est dans la culture mais j'ai quand même du mal avec ça...

mardi 21 décembre 2010

Kadisha, la vallée sainte.

Saturation de Beyrouth, pollution, chaleur, bruit... Envie de frais, d'air, de nature et de calme. La meilleure pote de Sylvain est là pour quelques jours, c'est l'occasion d'aller dans la montagne ce week end.
Samedi soir on mange chez Sylvain, à Khaldé à perpette dans la banlieue sud. Drapeaux du Hezb dans la rue et ses huit collocs syriens qui découvrent la bouffe française. Osso Bouco à l'agneau car pas trouvé de boeuf et crèpes au Nutella. On finit la soirée à Hamra ce qui me permet de voir l'ambassadeur d'Australie sortir bien torché du bar et tituber jusqu'à sa voiture avec chauffeur, belle rigolade.
Trois heures de sommeil et le lendemain je suis d'une sale humeur en rejoignant les autres. Bus jusqu'à Tripoli, je somnole plus ou moins pendant le trajet. Changement de bus et on monte dans la montagne jusqu'à Bécharré, la ville située au fond de La vallée de la Kadisha. Cette vallée est blindée de monastères et d'églises à moitié troglodytes. C'est ici que se réfugient les chrétiens à chaque fois que ca craint pour eux, ce qui arrive régulièrement depuis le début du christianisme. La vallée est super encaissée, difficile d'accès, ils la tiennent depuis 2000 ans et vu le terrain ca n'a rien d'étonnant. Même l'armée syrienne qui à occupé le Liban 30 ans n'a jamais réussi à prendre pied ici. Discussion sur le sujet avec Sylvain, on évoque la Sierra Maestra et « Révolution dans la révolution » Régis Debray. Ca m'évite de penser à la route mouillée qui serpente le long du précipice pendant que le chauffeur téléphone et se retourne vers nous pour nous convaincre d'aller bouffer dans le resto d'un de ses potes. C'est chiant d'avoir peur du vide.


Arrivée à Bécharée, ville de naissance de Khalil Gibran (écrivain, peintre et sculpteur libanais) et fief des Forces Libanaises. Il fait super froid, il tombe de la neige fondue avec le brouillard on y voit comme à travers un pelle. Enfin de retour dans mon élément: l'hiver. Je cavale hors du bus pour faire une boule de neige et la balancer dans la face de Sylvain. Ca me manquait. On passe l'aprem au resto, bien calés près de la cheminée. De toute façon vu le temps on peut pas faire grand chose.
Le lendemain c'est grand soleil, montagnes enneigées sur fond de ciel bleu en prenant le petit dèj sur la terrasse de l'auberge. Grandiose. Motivation et on part voir les cèdres, situés au dessus de la ville. A pied histoire de faire du sport. Bonne ballade de deux heures dans la montagne libanaise.
Les cèdres sont là, le peu qu'il en reste, un bosquet entouré par des grilles. Patrimoine mondial de l'humanité, super protégé. Couper un cèdres ca vaut 5 ans fermes ici. Les arbres sont magnifiques, c'est triste qu'il y'en ai si peu, en venant au Liban je m'attendais à des forêts de grands cèdres. C'est plus vraiment çà. Au moins je les ai vu, je pourrais le dire quand on me poseras la question sur Facebook: « Alors t'as vu des cèdres? ». Oui j'en ai vu. Discussion avec un vieux qui nous montre l'ancienne caserne française ou De Gaulle à dormi il y'a longtemps. « Grand homme monsieur De Gaulle! » on acquiesce et je garde mes réflexions de gauchiste pour moi en me concentrant sur le café qui fume dans ma main.
Plus loin sur la montagne on distingue les remontées mécaniques qui ne tournent pas encore. Les pistes ont l'air pas mal et y'a quelques couloirs qui ont l'air bien sympas. Je regarde Sylvain dont les yeux brilles en regardant les télésièges, je dois avoir les mêmes. En redescendant on jette un oeil au boutiques de location. Le matos est bien old school, mais j'appercois une paire de Bandit flambant neuve derrière le comptoir. Je passe la main sur les carres, affutées comme des rasoirs. Belle promesse pour les week ends a venir. 

mardi 14 décembre 2010

Quelques photos...



Bourj Hammoud, quartier arménien de Beyrouth.





Depuis le toit de mon immeuble.




 Tripoli.


 Tripoli.




Forn el Shebbak.



Poême sur les murs de Gemmayzé.



Beyrouth dans la tempête...

J'étais pas sûr que cela viendrais. Les jours défilaient sans la moindre goutte de pluie, il faisait toujours chaud, même au coeur de la nuit. Puis ce week-end c'est venu d'un coup. Enormes orages sur Beyrouth, la température qui chute brusquement et des éclairs partout. Le ciel qui vire au blanc pendant quelques secondes. Il pleut des cordes pendant deux jours, sans jamais s'arrêter, comme si toute la pluie de l'automne tombait en 48 heures. Le vent est super violent, la pluie bat sur les vitres en continu, super fort, c'est assez pénible quand ca dure deux jours sans s'arrêter. Le tonnerre est assourdissant, presque flippant quand tout d'un coup les vitres se mettent à trembler. Je croyais avoir signé pour un pays chaud et on se croirait à Quimper. Les projets du week-end prennent un méchant coup dans l'aile. Pas de sortie à Tyr, ni même de soirée samedi soir. Les gens restent chez eux à attendre que cela passe. On fait livrer des pizzas on avance dans les séries en retard. Une saison et demie de Dexter en un week-end. Je commence à bosser sur un article qui va traiter de la vision de la France qu'ont les libanais. J'attendais ce week-end, comme tous les week-end, mais la tempête refroidit tout, à commencer par moi. J'ai froid pour la première fois depuis mon arrivée. Mon immeuble n'est pas chauffé, je retouche des photos sur mon lit avec ma polaire ,mon sweat a capuche et un bonnet de père-noël (il faut que j'achète un vrai bonnet si ça continue). Je suis sorti 3 minutes acheter de l'eau, rentré trempé comme une soupe et découragé pour toute nouvelles tentative... Je me prends déjà des flips en taxi quand il fait beau alors sous la pluie j'ai pas eu le courage de tenter l'aventure. Alex à vu la cuve d'eau du toit de l'immeuble en face s'envoler pour atterrir sur la terrasse des voisins. J'aurais bien aimé voir ça... Le point positif c'est qu'il doit neiger dans la vallée de la Khadisha, je vais pouvoir aller skier. Et photographier les cèdres sous la neige. Sylvain monte dans les tours de jour en jour, le ski qui n'était qu'un sujet parmi d'autres commence à revenir de plus en plus souvent dans nos conversations... Je pense aux initiateurs et ce week-end j'ai regretté de pas avoir embarqué un blouson orange du SUAPS, j'aurais pu représenter le Mirail. Quoi qu'il en soit je suis un peu fatigué de me faire chambrer, comme si les Pyrénées n'était qu'une blague, un genre de Massif central, sympa pour faire de la rando... Va falloir que je lui montre que y'a pas que dans les Alpes qu'on sait carver.
Lundi matin ca s'est calmé, le ciel bien que nuageux est redevenu bleu, il fait moins froid. Les journaux hurlent au scandale car le gouvernement n'a rien fait pendant la tempête. La semaine dernière c'était les même titres pour gueuler contre les incendies et la sécheresse. Beaucoup de coupures d'électricités, l'eau chaude par intermittence. C'est un peu usant. Passé mon dernier cours d'arabe à discuter dans le noir avec Ferras. C'est cool de pouvoir vraiment discuter politique avec un Libanais, mais ça ne m'aide pas à progresser. J'en suis à faire des phrases simples et m'envoyer des pages et des pages de vocabulaires et de conjugaison... C'est vraiment pas évident comme langue. J'enchaine les clopes et les chocolats chauds en bossant sur la table de mon appart.
Le temps à l'air de vouloir se calmer, si on en croit la météo il devrait à nouveau faire 25° dès jeudi. Je commençais à croire que l'hiver me manquait mais en fait il me tarde de retrouver le beau temps des dernières semaines. On s'habitue vite à sortir en tee-shirt début décembre.
Sinon tout va bien, je commence à être en manque de bouffe française, tous ceux qui rentrent à Noël réfléchissent au menu de réveillon qu'ils vont demander à leur parents. Je donnerais un rein pour un magret de canard et j'ai rêvé d'une raclette l'autre nuit, ici la charcuterie et le fromage coutent un bras et encore c'est si on à la chance d'en trouver...
Heureusement j'ai été invité à la soirée de départ de Justine, la toulousaine dont j'ai parlé sur Facebook, elle a cuisiné un pur gratin dauphinois j'en aurais chialé tellement c'était bon, je dirais plus jamais de mal de l'IEP de Toulouse. Pour le réveillon de Noël je crois que je vais craquer et aller bouffer à « L'entrecôte », oui oui comme à Jeanne d'Arc, c'est la même chaine, exactementt le même resto à part qu'onréservee au lieu de faire la queue devant comme des cons. Faut que je vérifie mais je crois qu'ils ont du Cassoulet...

dimanche 5 décembre 2010

Une nuit à Gemmayzé

Hier soir rien n'était prévu, je glandais chez moi en retouchant les photos de la semaine. Les voisins n'étaient pas motivés... Mais comme souvent c'est les soirées imprévues qui sont les meilleures. Sylvain un pote français avait des trucs à oublier, mais je pense pas qu'il voudrait que je donne trop de détails.
Il m'a appelé vers 18h hier soir avec un grand besoin de faire la fête et une proposition de tournée des bars de Gemmayzé plutôt emballante. Apéro chez moi, bières et un Fernet Coca bien frais. On s'échauffe un peu et on sort manger un truc, énormes cheese burgers frites et nouvelles bouteilles d'Almaza. Service jusqu'à Gemmayzé, quelques coups de fils infructueux et négociation avec le chauffeur.
Le Démo, bar un peu à l'écart de la rue Gouraud, Manu Chao et Gainsbourg, ricard dosé n'importe comment. Putain de yaourt que je met deux plombes à finir. Discussions sérieuses, Montpellier, Frêche, Europe Écologie, mouvements sociaux... Un français avec la tête de Dominique Pinon vient se joindre à nous. Qu'est ce qui vous manque de la France? La charcuterie et Libé tous les matins. Pour les autres c'est les huitres, France inter, et pas mal de petites chose du quotidien. Pas de nouvelles de Mathilde ma future colloc' qui devait nous rejoindre. La langue anesthésiée par le pastis on bouge vers le Torino. Passage devant le Kamelot vide. Rapide salut de la main au serveur qui se fait chier derrière son bar.
Musique electro, beaucoup de monde. Lilly et Coline déjà bien entamées qui nous tombent dans les bras. Bloody Mary super épicés, shooters de tequila, on rejoint peu a peu les filles dans la cuite. Julien Doré à bloc dans le bistrot, bizarre d'habitude la playlist à quand même plus la classe. Shooters après shooters on finit par être vraiment chauds. Les discussions ont perdu de leur sérieux. Les serveurs sont débordés, la musique de plus en plus forte, l'ambiance chauffe et je passe le doigt dans le col de mon tee shirt. Les gens dansent dans le demi mêtre carré dont dispose chacun dans le bistrot bondé. On monte sur les chaises, les tables, le comptoir. Danser encore et tant pis si demain on à des courbatures. Sylvain et moi nous appliquons à finir nos verres, scotché au bar, en bons piliers de comptoir. Pas une tournée offerte malgré le nombre de verres, et n'étant pas des filles c'est plus dur de se faire payer un coup. Ça coute cher une soirée à Beyrouth, mais la nuit est trop belle pour songer à s'arrêter si tot.
Mojitos de haut niveau, Coline boit sans vergogne dans mon verre, Sylvain se marre tandis que la moitié des mecs du bar tentent de s'approcher des filles qui sont avec nous. Lilly se barre et nous finissons nos verres en parlant distraitement. Derrière le comptoir les serveurs commencent à pouvoir souffler. De moins en moins de monde, l'impression d'étouffement s'estompe avec le départ des clients. J'ai de la menthe entre les dents, c'est désagréable.
On titube péniblement jusqu'au Kamelot, tout près. Finir la nuit dans un endroit connu, un refuge. Je commence à connaître chaque graffitis qui décorent les murs. Les serveurs hochent la tête en voyant les nôtres lorsqu'on fait notre entrée. On est les seuls clients du bar et d'autorité deux whiskys arrivent devant nous, le serveur s'en sert un pour trinquer. Je fais tourner les glaçons avant de boire. La télé diffuse un match russe sous la neige, ballon orange, c'est super moche.
Arrivent Lara, la serveuse avec qui je tripe bien et sa meilleure pote ,Elian, surement la plus jolie libanaise que j'ai vue depuis mon arrivée. Elle à changé de coupe de cheveux, elle à un piercing en haut de l'oreille que je n'avais jamais remarqué. Il y'a déjà un moment je lui ai donné mon numéro, elle n'a jamais appelé. Elle passe a coté de nous sans m'accorder un regard ou un bonjour. Je trinque avec Sylvain, finit mon verre et fais signe au serveur de remettre la même. Il jette un œil sur Elian, me sourit l'air désolé et attrape la bouteille de Jack. Celui là c'est celui de la maison. J'explique la situation à 20Syl, il se marre comme un sonneur en oubliant que si on est là c'est justement pour célébrer une de ses foirades sentimentales. Il tente vainement d'engager la conversation avec elle mais je lui braille d'arrêter ses conneries en oubliant que beaucoup de libanais comprennent le français. J'espère qu'avec la musique ils n'ont pas tout compris de ce que j'ai dit. Il était tard et j'avais oublié mon français élégant que j'utilise en général pour parler aux libanais.
Ça finit en grosse rigolade sous le regard interloqué de Lara qui essaye de capter ce qu'on peut bien raconter comme bêtises. Elian s'en va, à nouveau sans nous calculer, j'attends qu'elle sorte pour me lever de mon tabouret et effectuer la plus belle révérence que me permette mon équilibre précaire. Sylvain m'envoie un coup de poing dans l'épaule en se marrant et les serveurs se mettent à rire. Il se fait tard, les bars de Beyrouth se vident, on attrape un taxi qui accepte de nous ramener pour pas trop cher. Je reste quelques minutes à prendre le frais sur le balcon. Une putain de belle soirée...