mercredi 26 janvier 2011

Lei khaylen? Ana mich khaylen.


« Pourquoi tu as eu peur? Moi je n'ai pas eu peur. » Soap Kills, electro/trip hop libanais. Ma découverte musicale du moment. Et j'ai eu un peu peur. Pas vraiment pour moi, plutot de devoir partir, rentrer si tôt en laissant tout derrière moi.
Fallait bien que ca arrive. «Jour de colère ». Les partisans de Saad Hariri décrètent une journée d'action pour protester contre la nomination de Mikati au poste de 1er ministre. Contrairement à ce que j'ai pu lire dans les journaux français, Mikati n'est pas « LE candidat du Hezbollah ». Le Hezb avait proposé Karamé comme premier ministre, il s'est ensuite rangé derrière Mikati qui faisait concensus au sein de l'ancienne opposition. Résultat « jour de colère » au Liban. Je peux pas m'empecher de penser à « Jour de tonnere » un film moisi que j'ai vu il y'a longtemps (avec Tom Cruise je crois???).
Ca part un peu en vrille a Tripoli (bastion Haririste), jets de pierres sur l'armée et une camionette Al-jazera incendié.
A Beyrouth les troubles sont concentrés dans certains quartiers. Pneus qui brulent pour bloquer les routes. L'armée qui tire en l'air pour disperser la foule. Enfermé chez moi j'entend les raffales d'armes automatiques. Sursauts, un peu se stress aussi. Mais c'est bizarre la vitesse avec laquelle on s'y habitue.
Une journée ou on évite de sortir, c'est peu en trois mois. Coup de bol les coupures d'électricité me laissent tranquille, je passe la journée a glander sur le net. Prendre des news, raconter des conneries sur le Partizan.
En fin d'aprem un rassemblement pro-Hariri sur la place des Martyrs. Ils sont même pas 200, on dirait l'AGET et la CNT sur le Capitole pour les sans papiers. C'est un peu pathétique. Je pense que Saad comptait que les protestations prennent plus d'ampleur. Pas grand chose de bien violent, ni de bien concluant. Le 1er ministre est nommé, le courant du futur dans l'opposition. C'est loin d'être fini, et je pense pas que ce nouveau gouvernement tienne bien longtemps. Mais les manifestations sont terminées. La tension semble retombée, comme si la pluie violente qui tombe sur Beyrouth aujourd'hui avait douché toutes les ardeurs.(En meme temps, cramer des pneux quand il tombe des cordes c'est moins facile.)
Ca peut repartir, a tout moment, c'est ce que les libanais appellent « Le pas de lendemain ». On ne sait jamais comment la situation va tourner. Alors on profite d'aujourd'hui. Ce soir soirée Slam a Gemmayzé. Mathilde me prend la tête pour que j'écrive un truc. Quelques essais infructeux, de toute façon j'ai pas envie de réciter un truc. Je me contente de souffler sur mon thé brulant en écoutant Soap Kills, regarder les redifs' du championnat du monde de Hand sur Al-jazera sport en essayant d'expliquer les subtilités du jeu à Victor (Luc Abalo, viva la madre que te pario!). Beyrouth est tranquille, moi aussi.

jeudi 20 janvier 2011

A mon Beyrouth


Il ne faut pas se leurrer, la situation se tend, on ne le perçoit pas encore vraiment concrètement mais l'armée se déploit doucement dans la ville, autour de la résidence du 1er ministre, du parlement et dans certains quartiers. Le Hezbollah montre ses muscles, mardi matin des dizaines de personnes ont pris possession de carrefours et de grands axes routiers, sans arme, juste pour montrer avec quelle facilité ils pourraient bloquer Beyrouth. En 2008 ils ont eu le contrôle de Beyrouth Ouest pendant quelques jours, par les armes cette fois...
Alors on fait quoi? Encore une fois on s'attend à un retour de la violence (à plus ou moins long terme, à mon avis pas pour tout de suite). Et encore une fois le Liban va revenir au centre de l'actualité pour les mêmes raisons que chaque fois depuis 1975, la violence, la guerre, le chaos... Et encore une fois la seule image de ce pays qu'aura l'occident sera celle d'un puzzle communautaire incapable de s'entendre, d'un vaste bordel, de Beyrouth comme un champ de ruine, du terrorisme, de la violence...
Alors avant tout ça je voudrais parler du Beyrouth que je commence a connaître. De tout ce que j'aime ici depuis trois mois déjà. Essayer vainement de combattre les clichés qui collent à la peau du Liban.
Je voudrais dire que les libanais sont extrêmement sympathiques, toutes religions confondues, accueillants et portés sur la rigolade. Qu'il se dégage de ce peuple une force vive que je n'avais senti nulle part ailleurs. Une volonté inaltérable de vivre. Et que non, on ne croise pas des civils armés de Kalashnikov à chaque coin de rue.
Que la vie culturelle est putain de vivante. Qu'il y'a des expos, des concerts, des librairies partout. Que Beyrouth malgré tout est belle. Pas belle comme on l'entend en France, pas belle comme Paris mais belle parce qu'elle recèle du mélange entre ancien et nouveau,entre détruit et reconstruit. Entre Occident et Orient. Et que même si il y'a des bâtiments détruits partout et des buildings tout neufs et aseptisé, lorsque tout cela est baigné de soleil, entouré de ses montagnes aux neiges éternelles et bordé par le bleu tranquille de la mer Beyrouth est belle. Et non ce n'est pas un gigantesque champ de ruine genre Stalingrad à la fin du siège, et je préfère vivre ici qu'a Geugnon, St-Etienne, Le Havre, Roubaix, Amiens... (rayer la mention inutile).
Je n'ai pas encore assisté à des bastons à coup de tessons de bouteilles comme j'en ai déjà vu aux Tiercerettes ou de bagarres de connards ivres morts comme cela arrive régulièrement à St-Pierre. Mais c'est vrai que j'ai peut être eu de la chance, je suis pas là depuis si longtemps que ça. Quoi qu'il en soit je me sent plus serein la nuit seul dans Beyrouth qu'a Paris, et ce malgré un absence quasi totale de policiers.
La vie nocturne ici est la plus animée que j'ai jamais vue, il y'a énormément de bars et boite de nuit. Les libanais sont un peuple de fêtards et ne passent pas leur temps à faire la guerre et non on ne risque pas de prendre une balle dès qu'on met le nez dehors, une cuite par contre c'est plus probable...
Le Liban est un pays magnifique, les montagnes autour de Bécharé sont magiques, les ruines romaines de Baalbek n'ont rien à envier celles que j'ai vu en Italie. Le littoral quoi qu'un peu bétonné n'est pas du tout moche. Et la vallée de la Beeka verdoyante des champs et des vignobles est très jolie. En parlant de vignoble le vin libanais est aussi très bon.
Revenir m'installer ici durablement un jour ou l'autre est une chose que j'envisage et je ne pense pas être fou ou suicidaire.
Enfin, que cela soit dit: les libanaises sont des bombes atomiques, et aussi futile et frivole que cela puisse paraître si on doit garder un cliché sur le Liban je préfère celui là à celui d'un pays en ruine ravagé par la guerre.

mardi 18 janvier 2011

Pendant ce temps à Beyrouth Ouest

Comme partout ailleurs on parle beaucoup de la Tunisie. Le régime était vu ici comme un des plus solides du monde arabe, d'où la surprise de voir l'autre con partir en catastrophe pour éviter de se retrouver au poteau.
Le calme règne sur Beyrouth, rien à signaler, quelques rassemblements de jeunes (sans armes) tôt ce matin dans le sud de la ville mais rien de bien concluant. Pourtant le Liban s'enfonce dans la crise. Les consultations pour trouver un nouveaux premier ministre ont déjà était repoussées d'une semaine. Je ne sais pas pourquoi mais je pressent que ce report n'est pas le dernier. Le TSL a rendu son acte d'accusation, pour l'instant confidentiel. Le procureur rappelle le principe de présomption d'innocence. Manière comme une autre de calmer les éventuelles ardeurs du Hezb. Hassan a parlé l'autre jour, on l'a regardé avec mon colloc sans rien comprendre à ce qu'il pouvait bien raconter. Il n'a en fait rien dit de bien nouveaux, je l'ai trouvé très calme, loin du tribun auquel je m'attendais. Pendant que les politiques tergiversent, le prix de l'essence grimpe en flèche, comme beaucoup d'autres produits de base, pas besoin de chercher bien loin qui seront les victimes de la crise politique du Levant.
Le soleil brille et je regarde la mer depuis ma terrasse. Je me suis attaché a cette ville, plus vite que je ne l'aurais cru. Et beaucoup de français peuvent dire qu'ils préfèrent Damas, je ne suis pas d'accord. Beyrouth est magique, sale, polluée, déglinguée mais plus vivante que n'importe quel endroit du monde. La ville qui ne veut pas mourir. La ville du contraste, du paradoxe, de la contradiction. C'est la seule chose qui me fait peur, la voir sombrer dans la violence, le chaos, la tristesse, Beyrouth ne mérite pas ca, je l'aime déjà trop pour ne pas flipper pour elle.
Par solidarité avec le pays ma colloc' a choppé une bonne vieille crève des familles. Elle se terre dans sa piaule avec une tronche a faire flipper un zombie. Enormes cernes sous ses yeux et bonne toux grasse que j'entends en écrivant dans le salon. Je peux pas m'occuper du Liban mais je peux m'occuper d'elle, thé brulant, thermomètre, paracétamol... Si seulement ca pouvait être aussi simple de soigner la poussé de fièvre du Liban.
Fumé un cigare hier, sport national ici, un Romeo y Julieta n°1 pour célébrer la naissance de ma 6ème nièce (Lisie, welcome). La fumée lourde dans la fraicheur du soir en discutant distraitement avec Victor.
Ce matin direction l'ambassade pour me faire inscrire comme ressortissant français, comme ca je serais invité au cocktail du 14 juillet (m'en fout je serais rentré) mais surtout je suis assuré qu'ils partent pas sans moi en cas d'évacuation (peu de chance mais on sait jamais). Comme à chaque fois que l'on a recours à l'administration n'importe où c'est super chiant et j'y passe une bonne partie de la matinée. Résultat ils me font pas de carte car je repars bientôt et je me retrouve comme un con avec mes photos d'identités super moches et super chères... Se retenir très fort de pas balancer tout ce qui me vient à l'esprit concernant une parenté entre les fonctionnaires et les charognards de certaines contrées désertiques.
J'ai commencé à écrire un truc sérieux sur la situation politique, on sait jamais, c'est peut être ma première occasion d'être publié, faut que je me dépêche avant que le buzz tunisien retombe et que les journaleux français se rappellent que le Liban existe et que ce qui se passe risque de pas être jojo.

vendredi 14 janvier 2011

Nothing as change

On l'attendait, depuis quelques jours cela semblait innévitable, on en parlait pas mais c'était dans l'air. Puis mercredi en fin d'aprem la nouvelle est arrivée. J'étais chez moi, à galérer pour me connecter au net, Victor et rentré, je n'ai rien dit et suis allé mettre la bouilloire sur le feu.
Le gouvernement venait de tomber, les 10 ministres de l'opposition ont démissioné, bientôt suivis par un onzième, ce qui entrainait constitutionellement la chute du cabinet de Saad Hariri. Coupure je jus, silence sur la ville, ce qui est assez rare pour être souligné.
Le Liban est de nouveau au bord de la crise. Au vu de la situation il est clair qu'il ne se dégagera pas de consensus sur un nouveau gouvernement avant un bon moment. On tire des plans, chacun a son avis. Que va faire le Hezbollah? Ils sont intouchables militairement. Personne ne peut les attaquer et ils ont les moyens de prendre le pouvoir par la force. Cela semble pourtant improbable, leur tactique depuis 2006 est d'apparaitre comme un parti respectable, dont les armes s'opposent à Tsahal et ne se retourneront jamais contre le Liban.
Alors quoi? On repart dans l'impasse politique pour deux ans? Comme entre 2006 et 2008 quand le pays a passé de longs mois sans premier ministre et que la situation a pourri jusqu'à faire une centaine de morts dans des affrontements chiites/sunnites. C'est plus que propable. C'est en tout cas ce que je crois.
En attendant Beyrouth est exactement la même. Aucune différence. Tout est calme. Pas de gigantesques manifs comme on pensait qu'il y aurait forcément. Je surveille la place des Martyrs depuis ma terrasse. Mes deux appareils prêts à mitrailler si quelque chose se passe. Mais il n'y rien.
Les libanais semblent prendre tout ça avec philosophie. C'est pas comme si c'était la première fois qu'un gouvernement s'éffondrait, incapable de survivre à ses contradictions.
Deux grenades ont explosées dans un local du parti de Michel Aoun (chrétien allié au Hezb dans l'opposition) ca c'est passé dans un village hors de Beyrouth, et c'est pour l'instant le seul incident depuis mercredi. On peut croire qu'il est l'oeuvre des partis chrétiens de la majorité, mais comment savoir? Ce qui est sur c'est que c'est le parti le plus faible de l'opposition qui a été attaqué. On peut pas encore toucher au Hezb ou à Amal les deux grands partis chiites qui sont la base du rassemblement du 8 mars.
On attend l'acte d'accusation du TSL, qui devrait mettre en cause le Hezbollah dans l'assasinat de Rafik Hariri. A ce moment là ca risque de craindre un peu plus. Si le Hezbollah est accusé il va forcément réagir. La publication est sans cesse reportée, alors il y'a moyen que cela prenne encore plus de temps que prévu maintenant. La précipitation ne serait bonne pour personne.
Pour l'instant il ne se passe rien. Le soleil est revenu, en terrasse les libanaises rivalisent toujours de coqueteries. Ce soir c'est vendredi. La légende raconte que la nuit beyrouthine s'enflamme en temps de crise. On verra bien...

lundi 10 janvier 2011

Feraya, le Val Louron libanais.

ENFIN! Après trois mois de climat variable mais monotone (en gros super chaud puis super orage), j'ai enfin découvert le ski au Liban.
Gilbert était motivé pour aller perfectionner sa technique de snowboard et moi ben j'attendais que ca depuis un mois au point que j'en étais à lire les compte rendus des slaloms de coupe du monde sur l'équipe.fr et je vous jure que y'a rien de plus chiant.
Alors ce matin c'est parti, lever à 7h30 (aouch) et traversée de Beyrouth en taxi accompagné de ma super tasse/réchaud qui te permet de te bruler la langue avec ton café même une bonne demi heure après préparation.
On monte vers Feraya, la station la plus connue du Liban du moins je crois je suis pas encore un spécialiste. Il fait super pas beau, tout gris avec du brouillard. Mais on à la foi. Location du matos, j'appréhendaisssssssss un peu de me retrouver avec une vieille paire de ski droits que même mon père les trouverais has-been et totalement inskiable, mais comme Gilbert connait les gens de la boutique je me retrouve avec une bonne paire de Salomon V12 crossmax pas tout neufs mais bien fartés et affutés (si t'es initiateur ou que t'as juste du temps à perdre tu peux les voir ici:http://www.snowrental.net/fr/ski/materiel-ski/salomon/2006/salomon-crossmax-v-12.html)
On arrive en haut, il neige, il fait froid, et évidement mon équipement se limite a un jean, ma polaire, mon bonnet de Tripoli qui est déjà tout déformé degueu et mes Ray Ban ce qui sous la neige et loin de valoir mon beau masque qui dort chez mes parents... On hésite un peu mais maintenant que je suis là j'aurais du mal a redescendre. L'hiver bordel! Le vrai, le froid, l'humide... C'est que du bonheur! Il n'y a qu'une piste ouverte, qui n'a rien à envier aux « doubles » a Val Louron. Le reste de la station à pas l'air mal mais ça sera pour un autre jour.
Première descente, les sensations reviennent et mes skis sont des machines à carver. Bon comme jusque là mon activité sportive au Liban se limite à bouffer comme un porc et boire des bières et que en plus comme dirait Corinne: « T'es pas centréééééé!!!!! » je galère un peu au début. Mais ca revient bien, petit a petit je commence à retrouver mon ski...
Les libanais ont plutôt un bon niveau, plus que ce à quoi je m'attendais, mais pas non plus vraiment super solides. Le truc c'est que ceux qui sont bons on devrait leur dire que la godille c'est has-been. Bref pour une fois je crois que je suis le meilleur sur la piste: j'aime!
Le truc vraiment drôle c'est ceux qui sont super sapés mais qui savent pas skier. Je rigole bien en les regardant. Bon à force d'être sous la neige et de poser mon cul sur le télésiège mouillé je finis par avoir salement froid. Claquage de dent, et de genoux, fatigue et j'ai même du mal à tenir mes skis sur certains virages... Une bonne demi journée de ski, histoire de retrouver mes marques.
Sur le retour arrêt dans un petit resto qui fait les meilleurs manouchés que j'ai mangé depuis que je suis là. Une pure TUERIE! Retour à Beyrouth épuisé, pas beaucoup dormi, premier effort physique depuis deux mois, et le froid dont j'avais perdu l'habitude. Mais c'est que du bonheur, il me tarde de revenir.    

dimanche 9 janvier 2011

You're my wonderwall...

The end, The Basement ferme ce soir, lieu mythique de la nuit beyrouthine resté ouvert même en 2006 pendant que Tsahal bombardait le quartier... Les bombes et la danse. Beirut don't die.
On se retrouve là avec Victor, 2h du mat', bien motivés pour pas laisser cette nuit nous échapper. Dans quelques temps on pourra dire « j'y étais ».
Boite libanaise typique. Les reines de la nuit sont magnifiques, robes super courtes et maquillages de star. On se croirait dans un clip de R'nb, et debout sur les tables elles dansent toujours plus longtemps pendant que la population masculine s'hypnotise de leurs jambes interminables qui bougent en rythme. Ne pas penser à demain.
« I don't believe that anybody feels the way i do about you now... » On essaye de se convaincre que c'est le cas mais en vrai nous sommes tous amoureux des filles qui bougent autour de nous... Rien de plus universel que l'effet d'une jolie fille sur un mec bourré, surtout ici. 2000 ans de métissages qui se noient dans un verre de Jack. Arrogance méditerranéenne, beautés brunes et bronzées, talons aiguilles enfoncées dans les canapés pour un numéro d'équilibriste impressionnant. Danser à deux grammes sur un canapé, perchées sur 10 cm de talons... Mais ca tient, ca passe, ca continue... Les yeux s'embrouillent et les sourires se figent. Elles ont vite fait de vous faire sentir tout petit les filles d'ici.
Max Roméo vient calmer tout ca, 2 minutes pour reprendre son souffle sur le reggae... « I chase the devil out of earth ». Chasser la guerre et la violence. Chasser la peur et la tristesse. A l'opposé de la mort il y'a la nuit beyrouthine.
Victor retrouve sa langue maternelle, tout revient en espagnol, je préfère quand il parle portugais. Le stade à pris une branlée contre Paris. Mais je m'en fout. On réfléchira demain. En attendant on danse, ne pas lâcher l'affaire.
Samedi soir à Beyrouth, futile, sonore, égoïste, chaleureux... Le jour se lève, la mer retrouve son bleu et les éclairages de la place des martyrs s'éteignent peu à peu pendant qu'on rentre dormir.
It's the end, il n'y aura plus de soirée ici. Le Basement est mort, vive le Basement.  

dimanche 2 janvier 2011

31 décembre à Beyrouth, ou comment trahir sa classe pour un morceau de foie gras.

Ben voilà, 2011. Vu d'ici ca commence par un déménagement. Et évidement c'est le jour ou je suis censé traverser Beyrouth avec mes sacs qu'il flotte pour la première fois depuis deux mois. Et ici il pleut pas souvent mais par contre quand il pleut ca envoie du gros... Bref une bonne grosse galère bien sympa à me faire entuber par un chauffeur de taxi qui demande 3 fois plus que d'habitude parce qu'il sait bien que tu vas pas rester sous l'orage 107 ans et que vu que tu risque la pneumonie aggravée t'es pas vraiment à 3 dollars près.
Arrivée dans mon nouvel appart ou m'attendent , outre les photos d'Hassan Nasralah dans le couloir parce que je suis passé d'un quartier chrétien à chiite, mes nouveaux colocataires super cool: Mathilde (une française qui fait un stage dans une ONG chelou, j'ai pas tout bien compris faut que je lui demande des précisions) et Victor (qui bosse pour l'UE, est hispano-brésilien et supporter de l'Athlético Madrid mais personne n'est parfait.) On fait péter une bouteille de rosé d'Anjou histoire de fêter mon arrivée.
Bon moi évidement j'avais toujours pas de plan pour la soirée, parce que entre les retouche photos de la Syrie, le comptage de mes orteils (10!), le ménage dans mon ancien appart et la prise de tête pour boucler mon sac qui semble rapetisser de jours en jours... Ben j'avais pas vraiment pris le temps de penser à ce que j'allais glander pour célébrer dignement la fin de 2010 (pas mécontent que ca se termine d'ailleurs...). Mais c'est là que c'est bon d'être en colloc, sur les trois y'en à forcement un qui va avoir une bonne idée...
Donc on se retrouve a suivre Mathilde à un diner chez des gens qu'elle connait pas mais ou elle a été invité (cherchez pas, j'ai pas compris non plus). Pour le reste de la nuit, un open bar pas trop cher vers Gemmayzé, moi ca m'allait plutôt étant donné que j'avais rien prévu et que les soirées que j'ai déjà passé avec Mathilde furent quand même bien sympas. Départ à pied pour Gemmayzé (ouais parce que maintenant j'habite au centre...) Achat de vin et de bières pour pas arriver les mains vides.
Et la subitement je suis projeté dans la troisieme dimension. Une bonne douzaine de personnes tous sapés sur le même modèle, mocassins (ou chaussures bateau pour les rebelles) 501 bien repassés, et chemises rayées dans les roses ou pastels. Petites médailles de baptêmes et coupes de cheveux impeccables. On se sert la bière dans les verres grands comme des dès a coudre pendant que j'ouvre tranquillement ma deuxième Almaza avec mon briquet. Puis bon pour varier les plaisirs on attaque le rouquin (Prieuré, mon préféré j'en ai déjà parlé) et la j'apprend que ne pas laisser une fille ouvrir une bouteille de rouge ce n'est pas une question de machisme ou de féminisme mais de CONVENANCE (putain mais j'étais ou moi quand les autres ont appris les convenances ???) Texto hein, j'en rajoute pas y'a quelqu'un qui a dit ca. Froncage de sourcil en pensant à mes quatre fantastiques qui à l'heure qu'il est doivent être entrain de s'envoyer du Cahors tradition direct à la bouteille et à la tête que ferait ma mère et ma soeur si on tentait de leur expliquer qu'il faut respecter les convenances (j'adore ce mot bordel!) et qu'elles ne doivent pas ouvrir la bouteille, choisis ta réponse: ma frangine t'envoie le coup de tête de tes beaux jours pour t'apprendre à te foutre d'elle et ma mère te demande si tu veux une tarte espèce de petit con (notez que les femmes de ma famille sont moins violentes en vieillissant mais qu'elles ouvrent toujours les bouteilles de rouge...). On doit être trois à pas avoir de nom à particule dans l'assemblée et ceux qui ne sont pas à l'IEP de Paris font des études dans la finances. Je m'isole trente secondes dans une piaule remplie de crucifix et ou j'ai le temps de voir des bibles en 5 langues différentes pour envoyer un message « Robespierre reviens! Il en reste plein! » à Sylvain qui se marre tout seul dans le bus qui le ramène de Syrie.
Il se fait l'heure de passer à table, rebelote pour les bouteilles de vin mais je vais le raconter deux fois... Et là grand moment du FOIE GRAS (je sais ca paraît pas exceptionnel mais venez bouffer du Houmos et des Falafels pendant deux mois et on en reparle). J'abandonne illico toutes mes pensées impures de gauchiste, (Staline reviendras et vous ferez moins les malins... Bernadette de Lourdes était une trainée sous champi... Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi l'Eglise a mis 1800 ans à reconnaître la virginité de Marie? ) et savoure le foie gras avec un coup de rouge et tant pis si je me retrouve dans un train vers la Sibérie pour collaboration avec la bourgeoisie... Basile si tu lis ca me balance pas!!! C'était quand même salement bon leur foie gras, puis j'ai réussi à engager la conversation avec mon voisin (je deviens sociable uniquement le ventre plein) qui s'est avéré être un attaché parlementaire d'un député socialiste (c'est comme le foie gras, ca paraît pas fou mais dans le contexte c'est grandiose).
Les plans ont changés, on va plus à l'open bar mais à une soirée chez un étudiant libanais de l'AUB (American university of Beirut,ca pète hein?) Bon évidement Sylvain et moi on se paume sur le chemin, pour se retrouver devant le feux d'artifice à Raouché à minuit pile tout les deux sous la pluie... C'est sympa.
On arrive enfin dans un gigantesque appartement sur la corniche, avec l'ascenseur qui monte direct dans l'appart s'il vous plait. Le maitre de maison nous attends, nous souhaite bonne année et annonce tout de go qu'il reste quinze bouteille de vodka à finir. Autant avec Sylvain on est pas les derniers pour rendre service mais quinze quand même c'est beaucoup. Il y'a aussi une table avec de la bouffe à profusion, et je vous le dit celui qui croit qu'il va me griller sur un toast au roquefort sous prétexte qu'il porte une chemise Calvin Klein je lui souhaite bien du courage.
On se pose dans un canapé avec notre verre pour regarder les jolies filles danser. Plus tard on tentera bien de mettre le feu au dancefloor mais honnêtement je progresse autant en danse qu'en arabe... Sylvain profite lâchement du fait que je me ridiculise sur Billie Jean pour suggérer que peut être éventuellement il pourraittt en profiter pour aller cramer une clope sur le balcon, ce à quoi je répond que si il me laisse danser tout seul comme un con je pourrai éventuellementtt lui exploser le crane a coups de Stan Smith vintage.
La vodka aidant on commence vraiment passer une bonne soirée, surtoutt quand le maitre de maison m'offre un Monte Christ et un verre de Jack (comment a t'il deviné?) en s'installant à coté de moi pour me raconter comment il à fêté ses 21 ans à Vegas, pour préserver l'innocence des plus jeunes de mes lecteurs je vais pas développer ce passage...
Voilà la soirée continue jusqu'à l'aube, comme n'importe qu'elle soirée de nouvel en fait, la musique devient plus jazzy et on s'assoit dans les fauteuils du salon pour finir nos cigares pendant que le jour se lève.


Bonne année à tous (oui, je suis pas rancunier.)