Mardi soir, comme souvent c'est League des Champions. Le Kamelot est blindé d'anglais et on se tape un Chelsea-Zilna tout moisi. Katuka sors a la mi-temps et honnêtement le sois disant « black Zidane » c'est pas encore ça. Les serveurs s'étonnent que je reste pas boire un dernier Jack avec eux mais je me lève tôt le lendemain.
Mercredi c'est départ pour Tripoli, la 2ème ville du pays à 90km au nord de Beyrouth. Je prends un mini bus et regarde le paysage le long de la route côtière. Beyrouth, Byblos et pas mal de bleds dont je connais pas le nom. La méditerranée baigne tout ca et ça fait du bien de sortir de Beyrouth et de voir un peu de vert. Après deux bonnes heures de route on arrive à Tripoli. La première chose que l'on voit c'est le stade. Puis les grandes avenues qui entrent dans la ville. Je descend du bus à un énorme rond point.
Dessuite la différence avec Beyrouth est frappante. Ici la majorité des habitants sont musulmans, la ville n'a pas l'air européen de Beyrouth. Je remonte vers la place centrale. Une grande tour avec une horloge domine un petit jardin public, le centre de Tripoli. Sur beaucoup d'immeubles les photos de Rafik et Saad Hariri côtoient les drapeaux bleus de leur parti, le courant du futur.
Première mission trouver une auberge, comme souvent le Petit Futé n'est pas à jour et les prix sont très différents de ceux indiqués dans mon guide. Il est possible qu'à mon retour ils aient droit à un mail moyennement sympa. Bref je me retrouve dans une petite pension au mobilier super kitch. Les prix sont abordables et ca à l'air propre. Je pose mon sac et dégaine mon appareil photo. Il est déjà 14h, je décide de faire l'impasse sur les souks dont on m'a dit qu'il valait mieux y aller le matin.
C'est vraiment l'Orient que l'on imagine, café old school ou les hommes jouent au Bagamon en tirant sur leurs narghilehs, cireurs de chaussures à tous les coins de rue (il y'en à aussi à Beyrouth mais beaucoup moins), tous les hommes ont dan les mains un espèce de chapelet qu'ils égrainent sans cesse. Beaucoup de minarets qui dépassent des toits, j'entends l'appel à la prière, c'est autre chose que les cloches électroniques qui me réveillent tous les matins à Beyrouth.
Je pars vers le château St-Gilles, la citadelle qui domine la ville. Le château à été construit par Raymond de St-Gilles, comte de Toulouse (et ouais on est partout, même ici!) pendant la première croisade. La colline ou il est situé s'appelle le Mont pèlerin, c'est pas très haut mais ça monte sec. Le long des escaliers je croise des chats, beaucoup de chats, dans tous les coins... C'est le royaume des chats de gouttières ici, peut être que je devrais songer à venir habiter dans le coin. Il y'a des gamins qui courent partout, ils me demandent si je suis américain. Faut dire que grand blond au yeux bleus avec mon appareil photo dans la main j'ai quand même l'air d'un gros touriste.
La forteresse est plutôt bien conservée, il y'a des travaux en cours mais je ne vois personne bosser. Je me ballade à l'intérieur, c'est plutôt sympa de pas avoir de sens de visite ou de guide et de pouvoir déambuler ou on veut. Encore beaucoup de chats que je dérange et qui partent en courant après avoir feulé à mon approche.
J'arrive sur les remparts et là c'est magique. La vue est juste énorme. A mes pieds la vieille ville de Tripoli, les souks, que des vieux bâtiments au toits plats. Le minaret carré de la grande mosquée qui se dresse au milieu. Plus loin les grands immeubles modernes et la mer, tout au bout, super bleue.
Je reste là plus d'une heure à fumer des clopes en regardant le soleil qui décline. On est mieux là qu'a prendre des coups de pieds dans les noix.
Retour à l'auberge un peu fatigué, je rencontre mon voisin de dortoir, un finlandais avec un nom absolument imprononçable. On décide de sortir bouffer tout les deux. Petit resto, un demi poulet chacun accompagné de frites d'un assortiment de légumes et des meilleurs falafels de ma vie. A faire passer « Chez nous les libanais » et le libanais du Mirail (les meilleurs de Toulouse je pense) pour de vulgaires Mac Do. J'en commende de nouveau, c'est mortel, je m'en ferais péter le bide. Le tout arrosé au Pepsi car à la différence de Beyrouth c'est chaud de trouver de l'alcool à Tripoli.
La nuit est tombée, on s'installe en terrasse avec un thé à la menthe et un narghileh. Quelques heures à aspirer la lourde fumée au milieu des vieux qui nous sourient en sirotant leur café. De quoi se prendre pour un écrivain orientaliste du début du 20eme. Mon nouveau pote me parle de Berlin ou il vit depuis 3 ans. Faut vraiment se prévoir un trip là bas les copains, ca à l'air énorme.
Le lendemain on se réveille tôt pour aller dans les souks de la vieille ville. Labyrinthe de ruelles blindées de monde. Chaque rue à sa spécialité, bijoutiers, fringues, savons (les savons de Tripoli sont réputés dans tout le Moyen-Orient), puis plus loin fruits et légumes et enfin viande. J'ai beau être carnivore militant je dois avouer que les énormes morceaux de bidoches exposés dans la rue ca fait un peu chelou. J'achète une bague et me débrouille pas trop mal au niveau marchandage. Je suis plutôt content de moi.
En sortant je tombe par hasard sur Elsa, une française rencontrée en soirée à Beyrouth, elle est avec une couchsurfeuse qui lui fait visiter là ville. Je reste avec elles, on va au souk des savons, on se ballade encore un peu puis direction la pâtisserie la plus connue de la ville. Là encore pétage de bide, les gâteaux sont fabuleux. On en commande une montagne au point d'être incapable de tout finir. Ca nous prend un bon moment de tout digérer, overdose de sucre.
La libanaise qui nous accompagnait rentre chez elle et Elsa et moi décidons de retourner se balader dans la vieille ville. La grande mosquée est ouverte, on peut la visiter mais Elsa doit passer une espèce de blouse à capuche. Ca ressemble un peu à la cape de sorcier d'Harry Potter, je me marre tout seul en l'appelant Hermione. La mosquée date de 1294, la cour intérieure est magnifique, on se regarde impressionnés, dire que j'ai failli quitter Tripoli sans l'avoir vu. Encore une fois nous avons droit à l'appel du muezzin, c'est magique. Le soleil se couche, les pierres deviennent roses, on reste une bonne demi heure, l'endroit est très calme, apaisant. Ca tranche avec le fourmillement des rues du souks à l'extérieur. Le gardien insiste pour nous prendre en photo partout, au moins Elsa aura un souvenir de son passage a Poudlard.
Dans le bus qui me ramène vers Beyrouth je somnole un peu en essayant de lire. J'espère revenir à Tripoli.