samedi 26 février 2011

Un peu fièvre.


C'est ma semaine, après en avoir terminé avec les visites quotidiennes à l'hosto je peux enfin me dire que la session galère est terminée. Mais faut croire que c'était pas assez.
Audrey s'emmerde un peu seule a Kfifan, on part donc passer la nuit la bas. Le projet étant de buller sur la plage le lendemain. Trajet en bus vers le nord. La fenêtre à coté de moi ferme mal. Je suis dans le courant d'air. Concentration sur mon bouquin en attendant d'arriver.
La montagne libanaise. Dormir au calme. Au frais pour une fois. On bouffe tranquillement dans la gigantesque cantine du centre ou travaille Audrey (pour ceux qui aurait pas suivi c'est une pote rencontrée au réveillon). Je me réveille dans la nuit, sentant que je suis pas bien. Sylvain était malade cette semaine, je sais trop bien ce que ca veut dire.
Le lendemain, bonne petite crève sympa. J'ai mal partout, je me sent fiévreux et m'arrache la gorge en toussant. Départ pour la plage de Batroun. Pris en stop par un énorme 4x4. Entre le siège conducteur et l'accoudoir il y'a un flingue dans son étui. J'ai beau savoir que c'est courant ici j'avoue que j'ai quand même du mal à m'y faire. On s'étale enfin sur les galets. Je suis toujours pas en grande forme mais ca fait du bien de prendre le soleil. Je met les pieds dans la flotte mais elle est vraiment trop froide pour envisager de me nager.
Sylvain s'endort et Audrey attaque de se faire les ongles. L'odeur du dissolvent me file la gerbe. Lecture de XXI, un article sur un jeune phalangiste de 16 ans exécuté sur l'Ebre par des rouges de son village après son refus de se rallier à la colonne Durruti. Simone Weil explique qu'elle reste hantée par cet épisode et la mort du « petit héros ». Je sais pas trop quoi en penser. Du mal a réfléchir. Quelques photos et retour à Beyrouth.
Les journalistes sont parties. Deux meufs que Sylvain avait rencontré a l'auberge en octobre et qui revenaient faire un reportage sur les scouts au Liban, en particulier ceux du Hezb. On les a hébergé une semaine. C'était pas mal d'avoir une présence féminine dans notre appart de mec. En plus Juliette partageait mon goût pour la chanson française douteuse. Enfin quelqu'un avec qui brailler « Elle préfère l'amour en mer » et « Le coup de soleil ». On a passé une semaine à bien rigoler conclue par une soirée magique dans une ancienne usine. Arrivée en monte charge à l'étage de la soirée, open bar, son plutôt cool et Sylvain qui pour coller au thème (Porno-Chic) s'était maquillé se fait draguer par tout ce que Beyrouth compte d'homos. On me fait des compliments sur mon style, noeud pap' ouvert sur chemise blanche (pas réussi a le nouer de toute façon, puis ca fait décontract'). Je commence lentement à saisir les codes de l'élégance beyrouthine. Finalement Juliette choppe une flamande, ce qui ne manque pas de nous faire ricaner parce quand même une nuit d'amour en flamand ca doit être culte.
En partant elle nous offrent des tasses du meilleur goût: Y'a un drapeau du Liban d'un coté et quand tu met de l'eau chaude y'a le visage de Nasralah qui apparaît. Moment d'euphorie dans l'appartement.
Aujourd'hui ca va mieux, je renifle encore pas mal mais cette légère fièvre a disparu. Ca tombe bien parce que mater South Park toute la journée d'hier enfoncé dans mon duvet c'était vraiment funky.
On se prépare pour le « crunch » avec inquiétude. Mais le XV de France m'a appris qu'ils sont capable de tout, même gagner à Twickenam avec une défense en carton. On verra bien. La semaine prochaine je vais essayer de passer deux jour à Tyr, et peut être dans le Chouf druze ou paraît-il il reste des cèdres en nombre plus conséquent qu'a Bécharré.

vendredi 18 février 2011

Damascus Express



Arrive un moment ou le visa expire. Deux solutions: La sureté générale a Baabda, autant dire une ultra galère ou un voyage en Syrie. Sortir du pays pour reprendre un visa en revenant. Après un weekend somme toute assez tranquille je décolle donc lundi, seul, direction Damas. En haut de ma fesse gauche un petit kyste fait sont apparition...
Voyage en mini bus, avec deux français plutôt sympathiques. Je taxe leur Lonely Planet quelques minutes le temps de relever quelques auberges. Le projet est de passer deux jours a Damas, puis Alep, Palmyre et retour à Beyrouth le vendredi pour un weekend qui s'annonce chargé.
Il neige sur les sommets de l'Anti-Liban. Passage à la frontière. Portraits de Bachar et d'Afez. Welcome to Syria. On redescend vers Damas qu'on devine déjà au loin. Arrivée sur les longues autoroutes qui rentrent dans la ville. Coup de froid, la mer est loin, on perd 7 ou 8 degrés par rapport à Beyrouth. Je resserre mon écharpe et ferme mon cuir.
L'auberge est chouette, proche du centre, pas super chère. Je m'allonge un peu sur mon lit. Pas beaucoup dormi, fatigué du voyage. Une meuf rentre dans le dortoir et s'allonge sur son lit. Elle a vraiment une sale gueule, je lui demande si ca va, apparemment c'est pas la grosse pêche. Fiévreuse, mal foutue, les yeux cernés. Je lui file deux dolipranes que j'ai emportés par hasard et file faire un tour dans la vieille ville.
Beaucoup de monde autour de la mosquée ommeyade. Je contourne vite fait, j'ai déjà visité la dernière fois. La vieille ville, petites ruelles toutes blanches. Les souks immenses. C'est ce qui n'existe plus à Beyrouth, trop de guerre, trop de bombardements. Reconstruit n'importe comment.
Je fais quelques photos. Retour au noir et blanc, ca faisait longtemps. Pour une fois le résultat me plait. La nuit tombe, je retourne à l'hotel. La meuf est toujours à l'agonie. Re-doliprane et un peu des abricots secs que j'ai acheté dans le souk. En me couchant légère brulure du kyste.
Réveillé en pleine nuit par ma voisine qui délire dans son sommeil. J'attends qu'elle se réveille, elle est brulante. Ma tablette de doliprane diminue.
Le lendemain retour dans les souks. Après de longues recherches infructueuses je finit par trouver la perle rare: un maillot de l'équipe de foot de Syrie. Négociation et celui de la Palestine pour la moitié du prix. Je fourre les deux dans mon sacs, content de moi, ma collection s'agrandit. Comme on dit:ca c'est fait. Je me paume dans les souks. Deux bonnes heures à vadrouiller sans savoir ou je suis avant de retomber sur la mosquée. Je continue a faire des photos mais j'ai mal à la fesse.
A l'auberge rencontre avec Félix qui vient s'installer six mois. Il m'amène dans un bar du vieux Damas. « Abou Georges », deux mètres sur trois, on est cinq dans le bar et c'est blindé. Derrière le comptoir le patron doit friser les 130 kilos. Sur les murs les pin-up côtoient les pochettes de vinyles. On enchaine les bières en discutant.
En rentrant j'ai vraiment mal. Il se passe un truc pas normal. Miroir, énorme abcé sur la fesse, c'est crade et ca fait mal. Nuit atroce, je dors pas beaucoup. Mal a chaque fois que je joue et il me reste presque plus de doliprane. Je regrette de les avoir lâchés... La suite du voyage semble compromise.
Le lendemain l'abcé a encore gonflé, j'ai putain de mal. La décision s'impose retour à Beyrouth. Je passe le trajet à mordre mon écharpée. Chaque virage me fait mal et chaque trou dans la route aussi, et en Syrie le goudronnage laisse à désirer. C'est assez atroce.
J'arrive a l'appart en hurlant que j'ai mal au cul. Sylvain et Alex arrêtent de se marrer en voyant ma tronche. Départ pour l'hôtel dieu de France, l'hosto français proche de chez moi. Dans la salle d'attente des urgences l'infirmière de triage me dit de m'assoir pour attendre. Je lui dit que je préfère rester debout. Au bout de cinq fois je lâche passablement énervé: « J'ai un abcé au cul connasse! » (non en vrai j'ai pas dit connasse mais je l'ai pensé très fort). Après un rapide examen je retourne en salle d'attente. Le toubib débarque: « C'est qui l'abcé annal? » Je tente de garder ma dignité devant les 15 personnes qui se tournent vers moi. « Bon on va drainer l'abcé » comme si c'était une super nouvelle. J'ai un peu peur et la suite me donne raison, je douille grave! Je mords dans le drap jusqu'à le déchirer et l'interne apprend bon nombre de nouvelles insultes françaises. Après une dose massive de pus extraite de ma fesse ca finit par aller mieux... Pose du pansement sans prendre la peine de raser (cadeaux l'épilation gratuite le lendemain). Je rentre chez moi soulagé mais j'ai toujours mal. Dose massive d'antibio, anti-douleurs et une semaine a aller tous les jours à l'hosto changer le pansement. C'est moyennement agréable vu qu'ils mettent un drain dans l'abcé et que hier l'infirmière la porte ouverte deux longues minutes pendant que j'ai le cul a l'air plein de bétadine. Je suis pas particulièrement pudique mais bon...
Ca va mieux, j'ai de moins en moins mal, et ca fait un truc rigolo à raconter mais bon, je m'en serais bien passé, surtout que demain c'est grosse teuf et que je vais tourner au Coca à cause de l'Augmentin.  

Les photos de Damas étant trop lourdes vous avez droit à mon pansement.

jeudi 10 février 2011

Rando


On quitte Beyrouth mardi aprem avec Sylvain, direction Kfifan, petit village paumé sur la route de Tripoli pour un repas d'anniversaire. C'est surtout l'occasion de voir Audrey, snowboardeuse de St-Pierre de chartreuse rencontrée au réveillon et qui en dépit de son habitat lointain est devenue une pote. Grande amatrice de la liqueur verte qui fait la réputation de son bled et capable de balancer des vulgarités qui chez une fille qui dépasse péniblement le mètre soixante laissent songeur. Elle persiste à m'appeler Karl, en souvenir du réveillon ou j'avais évoqué mes tendances marxistes avec sa frangine alors en visite au Liban en goutant avec délectation à la Chartreuse qu'elle n'avait pas manqué d'amener... (a ce propos saviez vous que les moines chartreux portent un silice en permanence? C'est crade hein?) Gratin dauphinois et ratatouille, pur bon repas avec joie suprême sur la fin: du fromage de chèvre et une baguette! On passe une soirée tranquille, et on reste dormir sur place avec en fond sonore les aboiements des coyotes (pas sur que ce soit vraiment des coyotes mais ca y ressemble) auxquels répondent les chiens du village.
Départ a 9h pour la Kadisha toute proche, objectif une rando dans la vallée sur les chemins qui relient les nombreux monastères et ermitages de la vallée sainte. Manouchés au fromage pour le petit dèj et c'est parti. Le chemin serpente au fond la vallée, longeant la petite rivière qui se jette dans la mer quelques kilomètres plus loin. Sylvain et Audrey discutent de Lyon ou ils font leur études. Ca donne sacrément envie d'aller voir à quoi ca ressemble, en tout cas ca sonne comme une chouette ville. Je promet d'être là pour les nuits sonores, sans savoir si ca sera possible. La collègue d'Audrey nous parle de Liège et de Bruxelles, ou l'eau coute plus cher que la bière. J'évoque la Gouden Carolus et la Karméliet et mon goût pour les triples (mais pas les quadruples, dont la trop forte alcoolémie finit par tuer le goût)... Hochement de tête approbateur, ce qui de la part d'une belge vaut cher pour un amateur de bières.
On arrive à un ermitage une grotte dans la falaise ou réside le père Escobar, maronite colombien qui nous paye le café et nous parle des vertus de la feuille de Coca, de comment il a prié pour que Ratzinger devienne Pape et de son expérience à l'église maronite Miami. Il commente ensuite un bout de « mots croisés » sur France 2 qu'il à vu la semaine dernière. C'est un peu chelou pour un ermite de regarder la télé non? C'est complétement surréaliste. Il y'a aussi une bonne soeur bretonne qui passe au Liban avant de se rendre en Irak répondant à l'appel de Rome d'aller soutenir les chrétiens d'Irak dans leur malheur. Je lui parle brièvement de la presque-ile de Crozon mais je pense pas qu'on aime vraiment la même Bretagne.
Le problème quand tu marche au fond d'une vallée c'est qu'a un moment faut en sortir, on se tape un putain de dénivelé pour remonter. Le paysage est magnifique, je regrette un peu d'avoir laissé mon appareil à Beyrouth mais vu les endroits ou on passe vaut mieux que je sois concentré sur comment ne pas me vautrer qu'occupé à faire des photos. Je suis toujours pas fan de rando. Ca change pas. Mais c'est bon de prendre l'air un peu. Sortir de Beyrouth. On arrive enfin en haut après cinq bonnes heures de marche quand même. Je m'étire en discutant avec Audrey et songe au entrainements des Partizans ou Paulo gueule quand fait les cons au lieu d'écouter ses consignes. C'est bon de faire du sport mais la marche vaut pas un bon vieux match de foot.
Retour à Beyrouth pour France-Brésil sur TV5 monde. Réflexion sur l'intelligence des gens qui font jouer un match de foot au Stade de France au milieux du Tournoi, ou comment être sur d'avoir une pelouse pourrave. Mais bon on va quand même pas faire jouer les bleus ailleurs qu'a Paris hein. Bandes de connards. En parlant du Tournoi on a vu France-Ecosse avec Sylvain et ce qui est sûr c'est qu'on sera pas champions du monde avec une défense comme celle là et que je commence a avoir de sérieux doutes sur Liévremont: Traille a l'arrière, ben oui bien sur il a un sens du jeu hors du commun...
Voilà pour mes analyses sportives que vous attendiez tous. En attendant je pars en Syrie la semaine prochaine et demain direction Saida avec Alex. Je commence aussi a regarder les billets retour... Ca passe vite, trop vite, j'ai pas envie de rentrer...

ps: Révélation de la journée: la lessive à la main c'est putain de chiant!!!  

mercredi 2 février 2011

Retour a Furn el Shebbak.


Ben voilà, on s'est fait jeter de l'appart de Bachoura. Victor est rentré en France et Mathilde habite maintenant avec 2 filles espagnoles et un mec qui ressemble tellement à David Villa que quand il est allé réciter un truc de Neruda à la soirée Slam (même pas capable d'écrire un truc) je pouvais pas m'empêcher de l'imaginer habillé en joueur de foot. Je l'ai dit a Sylvain, ça nous a fait ricaner un moment. D'ailleurs je sens que vous vous demandez tous: « mais c'est quoi cette histoire de Slam foutre dieu!? ». En fait c'est une pote, Anais, qui organisait une soirée Slam a Gemmayzé, j'étais pas super chaud pour lire un truc mais en arrivant avec Sylvain on nous a dit que si on récitait un truc on avait droit a un verre gratuit. Ni une ni deux j'ai écrit un truc sur un bout de papier et en avant guingamp! L'expérience a été plutôt concluante: j'ai eu des bonnes notes et même un compliment de la meilleure slameuse libanaise de l'histoire. Sylvain a carrément gagné la compétition, mais aucun mérite il fait du théâtre depuis tout gosse... La prochaine fois je prendrais le temps de bosser un peu et moi aussi je gagnerais... Y'a pas de raison!
Ca me gonfle de plus habiter à Bachoura. L'appart était juste génial. J'avais une grande terrasse avec vue sur la mer. Et c'est quand même plus classe que la pissotière d'Arnaud B. où tout le monde vient gerber parce que quand même le Communard ils sont cools alors on évite de leur pourrir les chiottes, en plus maintenant c'est Basile qui fait le ménage.
Sinon aujourd'hui c'est journée de merde: le master auquel je pensais postuler à l'université libanaise de Beyrouth (journalisme francophone) s'arrête l'an prochain, résultat: dans ton cul! Apprendre ça au réveil je vous garantie ca aide pas à commencer une journée. Si derrière tu te rends compte que ce con d'iphoto a effacé toutes les retouches que j'avais sur les 4700 photos qu'il contenait ben tu te pose sérieusement la question de retourner te coucher... Bon j'ai pas perdu les photos, juste les versions retravaillées, ce qui représente quand même pas mal de taf...
En ce qui concerne les points positifs, j'habite maintenant avec Sylvain, alias 20Syl, alias Souss'. Il étudie la littérature arabe à l'université islamique et parle mieux que je ne parlerais jamais. Le retour a Francais Land est plus supportable avec lui: c'est un gauchiste, il lit le diplo et partage mon aversion pour les gros cons de droite. Si vous pensez que c'est un intello c'est que vous l'avez jamais vu devant un match de l'OL. Enfin on est bien décidés à foutre la révolution dans notre immeuble et c'est plutôt cool. Mon deuxième coloc c'est Alex, alias The Dude, alias Frère Tuck. Il à 19 ans, ce qui en fait est très drôle: il connait pas Tostaky, ni Bernie, ni pas mal de truc que Sylvain et moi considérons comme cultes. En plus là il vit son premier chagrin d'amour, il est persuadé qu'il va en crever...C'est mignon.
Alex hier soir, apprenant que Sylvain a acheté du rouge pour le repas...
Bref, nous avons un super appartement plein de bières et de joie de vivre où s'épanouissent vulgarité et expressions fleuries. Mais où Sylvain maintient un niveau culinaire qui fait la joie de ses colocataires. Et en plus j'ai maintenant un lit KING SIZE (en fait c'est deux lits 1 place collés) et c'est quand même super cool de pouvoir a nouveau faire l'étoile de mer dans mon plumard.
Voilà, je vais bosser un peu mon arabe, j'ai cours tout a l'heure... A bientôt pour de nouvelles aventures sous le soleil Beyroutin.