mardi 29 mars 2011

Tyr


Le beau temps est revenu sur le Liban, un printemps chaud qui donne envie de passer le plus de temps possible dehors. Motivation des deux gros pour descendre a Tyr, la grande ville du sud Liban, siège de la Finul, ancien port phénicien puis romain. On embarque avec nous des potes d'Alex, arrivées au Liban pour le 2nd semestre de l'USJ.
Bus jusqu'à Saïda le long de la mer et changement pour descendre jusqu'à Tyr. Je bouquine pendant que Sylvain ré-explique les bases de la grammaire arabe au filles. Champs d'oliviers et de bananiers le long de la route et premier barrage des Nations Unies. A Beyrouth on croise de temps en temps un 4x4 blanc siglé UN. Ici il y'en a partout. On sent la proximité d'Israël, les traces de 2006, des casques bleus se baladent dans la ville...
On commence par les ruines de la nécropole, une grande allée pavée avec deux arc de triomphe qui passe au milieux de tombeaux. Le soleil tape super fort. Je galère à faire des photos, mal aux yeux dès que j'enlève mes lunettes de soleil mais impossible de shooter avec. Ca fait une occasion de me plaindre un peu.
Je regrette d'avoir séché autant de cours d'histoire antique, ca m'intéressait pas vraiment mais ca aurait put servir dans un cas comme celui là.
Arrivée sur l'hippodrome, de loin la plus grande étendue d'herbe que j'ai vue depuis mon arrivée au Liban, le calme fait du bien. On se pose sur une des portions de tribunes encore debout. En bas de jeunes libanaises dansent le dabké au son d'une darbouka. On est au milieux de antiques et on fait face à un ensemble d'immeubles neufs. La ville s'est construite autour des sites antiques. Sylvain s'endort et on part faire le tour complet de l'hippodrome. Discussion avec Hélène, une qui arrive et moi qui repart... Cycle des expats au Liban, d'autres viendront après elle, habiterons surement à Furn el Shebbak et feront pour beaucoup les même visites que nous, conseillées dans le petit futé...
Marche jusqu'au port, les autres veulent profiter d'être là pour manger du poisson pas cher. Passage devant les entrées des camps palestiniens, qui ici sont gardées par l'armée. Portrait de Yasser, drapeaux... Je me rend compte que je n'ai rien écrit encore sur les palestiniens du Liban, promis je vais me pencher sur ça avant de repartir...
Longue corniche et mer magnifique, on marche jusqu'au port de pêche pour trouver un resto pas trop cher. Poisson grillés, hummos et frites en terrasse donnant sur le port. Je suis pas un grand fan de poisson, j'en mange deux et laisse Alex s'en envoyer 4 ou 5. Ca à l'air de lui faire plaisir mais ça m'empêche pas de penser que ca vaut pas un bon steak.
Ballade dans les petites ruelles du quartier chrétien jusqu'au bord de la mer. Je regrette de pas avoir pris mon maillot, elle est fraiche mais donne carrément envie de se baigner. L'après midi touche à sa fin, il se fait temps de rentrer à Beyrouth. Mini bus direct jusqu'à Cola, coucher de soleil magnifique qui découpe l'ombre des palmiers du bord de mer. Puis la nuit jusqu'à Beyrouth.
Le soir c'est fête de départ d'Audrey qui est bien blasée de rentrer en France. Je rencontre les nouveaux volontaires de son asso venus remplacer ceux qui partent. Je me fait voler mon cuir au B018, j'ai beau me dire que c'est qu'une veste ca me fout quand même bien la mort, je l'avais depuis 5 ans maintenant, je l'aimais bien ce cuir... J'irais faire un tour chez les tailleurss de Bourj Hammoud, avec un peu de bol j'en trouverais un autre pas trop cher...

dimanche 20 mars 2011

Palmyre


Retour à Damas, pour la dernière fois surement. Rencontre avec Milan dans le bus. Lyonnais évacué du Caire, joueur de Oud qui étudie la musique à Beyrouth. On fait le trajet ensemble et partageons la même chambre en arrivant à l'auberge.
On sort manger dans le quartier chrétien du vieux Damas pour pouvoir boire une petite bière avec un française de l'auberge et une turque complétement folle qui braille les insultes française qu'elle connait dans le resto (précisons que quand même pas mal de syriens ont des notions de français).
Milan et moi décidons de partir a Palmyre le lendemain. Une oasis au milieu du désert classée au patrimoine mondial de l'unesco. On finit le repas tranquillement pendant que je jette un oeil distrait à Munich-Inter sur les écrans géants...
3h longues heures de bus avec un film syrien en fond sonore. La route n'est qu'un long ruban de bitume au milieu du désert. Ligne droite paumée au milieu de nulle part. Je bloque un peu sur paysage mais le désert ca finit par être monotone. Les panneaux indiquent Irak-Bagdad, c'est un peu chelou quand même, Bagdad, c'est pas si loin...
Et tout d'un coup Palmyre, perdue là une petite ville bordée par des champs tout verts au milieu du désert. On se tape un petit thé avant de visiter le musée. Beaucoup de statues, pas grand intérêt à vrai dire. On enchaine sur le site principal. La lumière est magnifique, je me gave sur les photos, des colonnes, beaucoup de colonnes, un théâtre super bien conservé et le temple de Bal... Un peu trop de touriste, en particulier un groupe de vieux français super cons... C'est très beau mais le fait que le site soit super grand ne donne pas l'impression monumentale de Baalbeck...
On monte ensuite vers la forteresse arabe qui domine la ville, et comme on est des vrais on y va a pied, bonne suée quand même, gros dénivelé... La vue est folle, on se pose pour fumer une clope, c'est complétement grandiose. Je mitraille comme un fou, je dois faire une centaine de photos en un quart d'heure au point que Milan me demande si j'ai des origines japonaises... Je souris mais n'aime pas trop qu'on me vanne la dessus, mon appareil me suit partout depuis que je suis là, où que j'aille il est là, fidèle comme une arme de service...
On redescend en stop avec deux retraités français qui visite la Syrie et la Jordanie dans leur fourgon aménagé puis retour à Damas dans la nuit.
On regarde Real-Lyon en terrasse avec un thé et un narghileh, je suis évidement le seul français et le seul supporter de Lyon (Milan s'en fout...) je me fais grave chambrer mais bon faut bien assumer...
Retour à l'auberge toute proche, Lyon à pris une branlée mais ca n'est pas bien grave, calage sur la terrasse à fumer des clopes jusque tard dans la nuit. Un peu d'appréhension en lisant les news du Japon...
Dernière ballade dans le vieille ville le lendemain matin, quelques courses pour les cadeaux, le retour approche à grand pas... On mange en terrasse avec Nadia, la française de l'auberge. Discussions sur nos voyages, lesquels seront les prochains? Pour ma part c'est la Turquie et l'Iran qui m'attirent le plus pour l'instant. Puis c'est le départ vers Beyrouth, Milan qui reste s'installer ici promet de passer me voir lors de ses passage à Beyrouth pour aller en cours, on a vraiment bien accroché...
Pour la première fois je dois payer mon visa d'entrée à la frontière libanaise, comme j'ai déjà profité deux fois du visa touristique gratuit je peux pas vraiment me plaindre, c'est de bonne guerre... Un pur repas m'attend, Alex a invité des potes a lui et les deux gros se sont défoncé sur le menu, salade au saumon en entrée, gratin dauphinois et entrecôte sauce au vin, puis une mousse au chocolat maison, c'est trop bon. On finit sur le toit avec un bon narghileh dans la nuit beyrouthine qui se réchauffe de plus en plus...

mercredi 9 mars 2011

Leïla Khaled


J'ai vu l'affiche par hasard « Semaine contre l'apartheid israélien ». Une série de conférences et un concert samedi soir. J'étais pressé, j'ai noté l'adresse du site et suis rentré chez moi, un coiffeur venait de me tondre comme un para, j'étais passablement énervé.
J'ai consulté le site en arrivant pendant que Sylvain se foutait de ma coupe de cheveux. Hurlement de joie. Ce soir Leïla Khaled donne une conférence à l'AUB. Sylvain approuve et Alex nous suit. J'ai du mal à réprimer mon exitation. Je vérifie trois fois les piles de mon appareil et en route vers Hamra.
Ses yeux noirs sont désormais derrière des lunettes, mais le regard reste le même que sur cette photo que j'ai souvent si souvent eu en fond d'écran. La veste de tailleur a remplacé l'uniforme et c'est maintenant un micro devant elle et non plus une kalashnikov. Mais c'est elle, je l'ai reconnue dès mon entrée dans l'amphi. Leila Khaled est maintenant une dame de 67 ans a la voix tranquille qui s'exprime en arabe littéraire. Si elle savait ce que j'ai put être amoureux de sa photo, ce qu'elle représente pour nous. Femme palestinienne, combattante d'un FPLP aujourd'hui exsangue mais qui portait les revendications de la gauche palestinienne... J'entend parler d'elle depuis tellement longtemps et voilà que je la vois, en vrai, tranquillement installée à un bureau d'amphi.
« Je voudrais dédier cette conférence aux jeunesses tunisiennes, égyptiennes et libyennes mènent des révolutions dans leur pays ainsi qu'à toutes les femmes résistantes emprisonnées dans les prisons sionistes et américaines. »
Elle parle du rôle des femmes dans la résistance, des espoirs nés des révolutions actuelles, de la stratégie Palestinienne, de l'erreur confessionnelle . La traduction n'est pas terrible, un irakien avec un accent chelou. Je dois me concentrer pour suivre, c'est assez confus. Je m'accroche et mitraille autant que je peux, y'a pas beaucoup de lumière et je suis loin, mais je fais assez de photos (130) pour en avoir des correctes.
La parole passe à une militante irakienne. Citation de Rosa Luxembourg et discours super structuré sur l'occupation. On sent une solide formation marxiste. Elle parle d'une occupation qui sous couvert de libération à surtout libéré le marché, d'une politique visant à assainir l'Irak pour de potentiels investisseurs. Ca fait du bien d'entendre ca, mine de rien le militantisme me manque. Malgré les problèmes de traduction la conférence est intéressante, mais va savoir pourquoi aucun des français si prompt à t'expliquer le Proche-Orient n'est là...
A la fin on descend pour la saluer. Sylvain se concentre pour lui traduire dans son meilleur arabe ce que je veux lui dire. Que nous sommes français, que nous connaissons son histoire et son combat, qu'elle est pour nous un symbole de la résistance et de la liberté. Je sais c'est cliché mais que dire d'autre quand on a deux minutes et dans une langue étrangère? Elle sourit. Je tremble un peu, j'ai le coeur qui accélère. Elle répond qu'elle ne peut plus retourner dans son pays pour participer à une résistance divisée et moribonde, que tout ce qu'elle peut faire c'est venir en parler à l'étranger. C'est super émouvant. Mon chapeau dans ma main se met a trembler. Elle nous salue, nous serre la main.
J'ai rencontré Leïla Khaled. Surement la seule personne de mes références politiques que je croiserais jamais vu qu'a part Angela Davis il en reste pas beaucoup encore en vie. Ca peut faire groupie mais tant pis, je suis super heureux d'avoir réussi à lui témoigner mon admiration et mon respect. Rien que pour ca ca valait le coup de venir au Liban.

dimanche 6 mars 2011

Nouvelles du front


Je sais, j'écris pas trop. Mais figurez vous que j'ai pas que ca a foutre! Qui c'est qui commande ici bordel! En plus, l'accé a ce blog étant gratuit je vois pas quoi vous vous plaignez. Y'a toujours le blog de Pierre Menez sur Yahoo! Si vous êtes pas contents.
Mais bon, en ce moment il se passe plein de trucs de fou à Furn el Shebak et comme je suis un garçon sympathique je vous les racontes.
Déja y'a un clébard enfermé sur le toit de l'immeuble. Comme il a pas de nom on a décidé de l'appeller « Khallas! », ca veut dire « Assez » et ici ca s'emploie beaucoup. On peut comme le Basta espagnol. Khallas est con comme la tourbe. Mais a se décharge passer sa vie enfermé sur un toit a prendre des branlées ca aide pas à l'emmencipation intellectuelle. (Oui je sais c'est scandaleux mais je suis pas Brigitte Bardot). Donc maintenant c'est moins agréable de se caller sur le toit vu que y'a des merdes de chien partout. Et c'est relou parce qu'avec Sylvain on aimait bien se caler sur le toit. En plus ce connard à destroyé tous les calencons de Sylvain qui séchaient et en règle générale étendre son linge avec un chien qui saute partout et essaye de se barrer dès que t'ouvre la porte c'est pénible. Bref on en est a envisager sérieusement d'en faire des chawarmas...
Mon enculé de disque dur est mort. Ou du moins dans le coma. Donc il marche plus et ca fait chier parce que non seulement j'avais choppé plein de films cools mais en plus y'a 4000 photos dessus auquelles je peux plus accéder. Donc si vous voulez voir mes photos quand je rentre vous pouvez commencer a prier.
En parlant de rentrer j'ai acheté mon billet de retour. Je serais à Blagnac le 15 avril à 9h30. La compagnie est l'ancien employeur d'Aubry (QUIZZ! Si tu trouves je te ramène un super porte clé Hassan Nasrallah.) Je suis pas super en joie a l'idée de rentrer. C'est bizarre comme sensation car beaucoup de gens commencent a me manquer mais en même temps j'ai aucune envie de quitter le Liban. Bon le point positif c'est que de Blagnac on est pas loin de du marché Victor Hugo, et je sais que vous avez deviné ce que ca signifie: CHAAAAAAARCUTERIE!!!!!! FROOOOOOMAGE!!!!
Tout le monde m'avait dit que j'allais grossir au Liban. Je m'incris en faux, c'est en renrant que je vais grossir.
Enfin, hier soir malgré l'anniversaire de la mort de Staline qui gonflait nos coeurs de larmes ben on a passé une chouette soirée dans un appart pas loin. J'ai travaillé ma valse avec sylvain, héroiquement refusé qu'on peigne un pochoir sur mon corps sculptural et trouvé plein de Johnny Walker que personne aimait sauf moi... Par contre il est de mon devoir de dénoncer d'affreuses pratiques qui ont cours à Furn el Shebak Beyrouth Est: Y'a des gens qui REFUSENT LE BOUCHON L'AMITIE! Non mais vous vous rendez compte? Je me traine une sale gueule de bois et j'ai oublié mon keffieh mais on a rien sans rien en ce bas monde.