mercredi 9 mars 2011

Leïla Khaled


J'ai vu l'affiche par hasard « Semaine contre l'apartheid israélien ». Une série de conférences et un concert samedi soir. J'étais pressé, j'ai noté l'adresse du site et suis rentré chez moi, un coiffeur venait de me tondre comme un para, j'étais passablement énervé.
J'ai consulté le site en arrivant pendant que Sylvain se foutait de ma coupe de cheveux. Hurlement de joie. Ce soir Leïla Khaled donne une conférence à l'AUB. Sylvain approuve et Alex nous suit. J'ai du mal à réprimer mon exitation. Je vérifie trois fois les piles de mon appareil et en route vers Hamra.
Ses yeux noirs sont désormais derrière des lunettes, mais le regard reste le même que sur cette photo que j'ai souvent si souvent eu en fond d'écran. La veste de tailleur a remplacé l'uniforme et c'est maintenant un micro devant elle et non plus une kalashnikov. Mais c'est elle, je l'ai reconnue dès mon entrée dans l'amphi. Leila Khaled est maintenant une dame de 67 ans a la voix tranquille qui s'exprime en arabe littéraire. Si elle savait ce que j'ai put être amoureux de sa photo, ce qu'elle représente pour nous. Femme palestinienne, combattante d'un FPLP aujourd'hui exsangue mais qui portait les revendications de la gauche palestinienne... J'entend parler d'elle depuis tellement longtemps et voilà que je la vois, en vrai, tranquillement installée à un bureau d'amphi.
« Je voudrais dédier cette conférence aux jeunesses tunisiennes, égyptiennes et libyennes mènent des révolutions dans leur pays ainsi qu'à toutes les femmes résistantes emprisonnées dans les prisons sionistes et américaines. »
Elle parle du rôle des femmes dans la résistance, des espoirs nés des révolutions actuelles, de la stratégie Palestinienne, de l'erreur confessionnelle . La traduction n'est pas terrible, un irakien avec un accent chelou. Je dois me concentrer pour suivre, c'est assez confus. Je m'accroche et mitraille autant que je peux, y'a pas beaucoup de lumière et je suis loin, mais je fais assez de photos (130) pour en avoir des correctes.
La parole passe à une militante irakienne. Citation de Rosa Luxembourg et discours super structuré sur l'occupation. On sent une solide formation marxiste. Elle parle d'une occupation qui sous couvert de libération à surtout libéré le marché, d'une politique visant à assainir l'Irak pour de potentiels investisseurs. Ca fait du bien d'entendre ca, mine de rien le militantisme me manque. Malgré les problèmes de traduction la conférence est intéressante, mais va savoir pourquoi aucun des français si prompt à t'expliquer le Proche-Orient n'est là...
A la fin on descend pour la saluer. Sylvain se concentre pour lui traduire dans son meilleur arabe ce que je veux lui dire. Que nous sommes français, que nous connaissons son histoire et son combat, qu'elle est pour nous un symbole de la résistance et de la liberté. Je sais c'est cliché mais que dire d'autre quand on a deux minutes et dans une langue étrangère? Elle sourit. Je tremble un peu, j'ai le coeur qui accélère. Elle répond qu'elle ne peut plus retourner dans son pays pour participer à une résistance divisée et moribonde, que tout ce qu'elle peut faire c'est venir en parler à l'étranger. C'est super émouvant. Mon chapeau dans ma main se met a trembler. Elle nous salue, nous serre la main.
J'ai rencontré Leïla Khaled. Surement la seule personne de mes références politiques que je croiserais jamais vu qu'a part Angela Davis il en reste pas beaucoup encore en vie. Ca peut faire groupie mais tant pis, je suis super heureux d'avoir réussi à lui témoigner mon admiration et mon respect. Rien que pour ca ca valait le coup de venir au Liban.

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